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LOGICISME Pour une meilleure maîtrise de nos constructions Il y plus de 25 ans, Jean-Claude Gardin avait proposé d’utiliser le terme « logicisme » pour désigner l’analyse et une méthode d’évaluation de nos écrits archéologiques et anthropologiques. Le logicisme constitue l’alternative aux développements d’un discours souvent approximatif, encore emprunt de composantes littéraires. Il porte à la fois sur des définitions plus stricte des concepts que nous utilisons, notamment en anthropologie, et sur la façon d’articuler nos démonstrations. On trouvera, ci joint, une liste des principaux travaux de Jean Claude Gardin auxquels nous nous référons. La seule question que nous devons nous poser est la suivante : y-a-t-il la place en archéologie et en anthropologie pour des propositions que l’on puisse considérer comme solidement, sinon définitivement établies ? (Gardin 1994). Ce qui nous intéresse ici est la forme textuelle , autrement dit la nature de l’architecture des constructions, indépendamment des contenus spécifiques , soit des thèmes traités rapportés à L (lieu), T (temps) ou F (fonction). On distingue ici deux aspects complémentaires. L’analyse logiciste réunit d’abord des exercices de réécriture de travaux « traditionnels. La synthèse logiciste se situe au niveau de la mise en oeuvre de ces contraintes dans de nouveaux discours. Analyse et synthèse logiciste. Inspiré de Gardin, cours de Genève 1976-77. L’analyse logiciste : définition La réflexion repose sur le postulat que, dans les sciences de l’homme comme dans celles de la nature, le discours est « construit », pour les raisons et selon les modalités qui sont celles des disciplines empiriques en général (Gardin 1987-1). Le terme de logicisme s’applique au projet de reconstruction du discours scientifique sur des fondements logiques plus clairs, mais distincts de la logique formelle des logiciens. Il teste les fondements méthodologiques des constructions et non l’utilité empirique des produits. Contexte épistémologique Le logicisme est une épistémologie résolument pratique qui se rattache au positivisme ou à l’empirisme logique. Alors que des sémiologues comme Jean-Blaise Grize distinguent dans l’argumentation en sciences humaines trois aspects : raisonner (aspect inférentiel), représenter (aspect sémiologique) et dire (aspect discursif) (Grize 1966, 1974), le logicisme ne retient que les deux premiers aspects et en écarte les questions proprement linguistiques. Fondements de la démarche logiciste. Inspiré de Gardin 1974-1, fig. 5. Le logicisme peut être situé par rapport à la logique, la linguistique la sémiologie et l’informatique. Sur le plan de la logique, on considère qu’il n'est ni facile, ni nécessairement opportun de ramener les inférences dégagées par l’analyse des constructions à des calculs formels au sens des logiciens (Gardin et al. 1981, rééd. 1987, 15). Sur le plan linguistique, il est en effet possible de partir de l’idée que les règles qui permettent à certaines personnes de comprendre une langue donnée comme l’entend le linguiste, n’a pas de rapport avec la faculté qu’a cette personne de dégager les sens des textes écrits dans cette même langue (Gardin 1974-1, 133). Ce qui intéresse l’analyse logiciste concerne donc les conditions d’imposition du sens dans son discours, dans des univers particuliers spécifiques et cela, quelle que soit la langue utilisée. Sur le plan sémiologique, il convient de distinguer la sémiologie au sens où les logiciens du début du siècle comme Charles S. Peirce ou Charles Morris (1938), concevaient le terme des dérives actuelles de la néo-sémiologie. Le logicisme se rapproche de la première conception du terme dans la mesure où son champs est l’étude des langages utilisés comme outils de la démarche scientifique, quelle qu’elle soit, selon la formule {sémiologie - LD/LS - monde empirique}. Elle s’écarte résolument des débordements de la néo-sémiologie (Roland Barthes, Paul Ricoeur) qui considère toute manifestation humaine et même naturelle comme des signes selon la formule {sémiologie - monde empirique}. On ne peut en effet concevoir l’émergence d’une nouvelle science unifiée qui prétendrait se surajouter ou même se substituer aux diverses disciplines existantes, tant dans le domaines des sciences humaines que dans celui des sciences de la nature (1991-1, 204). Sur le plan informatique, le logicisme se rapproche des travaux en intelligence artificielle, mais il concentre son attention sur la maîtrises des domaines spécialisés et s’écarte radicalement de la recherche d’une utopique formalisation du raisonnement humain en général. Son approche converge fortement avec les systèmes experts. Interprétation : caractère local des règles d’inférences Les considérations précédentes montrent que les opérations {Pi} - {Pj}, formule à laquelle on peut réduire nos raisonnements, traduisent les pratiques discursives de nos constructions, mais ne sont en aucune manière l’expression de règles de raisonnements que l’on pourrait appliquer de façon aveugle et automatique dans des univers de discours quelconques (Gardin et al. 1981, rééd.1987, 25). Les conditions de transfert font alors appel soit à des données considérées (souvent à tort) comme des évidences soit à des savoirs locaux (fig. 4). On parle dans le premier cas de sémantique universelle, dans le second de sémantique locale. Schéma du processus de transfert d’attribut à partir d’un référentiel externe. D’après Gallay 1986, détourné de Gardin, Lagrange 1975, fig. 1a. Cette situation a deux conséquences pour le programme logiciste : - La première implique qu’il est toujours nécessaire de déterminer les conditions de transférabilité des données externes mobilisées et les limites L, T ou F de leur applicabilité (Gardin 1987-3). Schématisations (analyse logiciste) Le logicisme est d’abord une manière rétrospective de présenter les constructions une fois la théorie constituée. Cette présentation utilise des schématisations situées à mi-chemin entre la surabondance des formes d’expression que tolèrent ou recommandent les sciences humaines et l’ascèse des formalismes qu’imposerait la logique formelle, l’une et l’autre excessives (Grize 1974). On peut montrer que les démonstrations des archéologues (argumentation reliant des données empiriques à une interprétation) peuvent se formaliser dans des enchaînements de propositions répondant à un calcul dont la formule peut se résumer comme « si Pi alors Pi+1 » ou « si Pi alors Pj » ou encore {Pi} - {Pj} (fig. 5). Une schématisation logiciste. D’après Gallay 2007. Dans ce jeu, on ne prend, provisoirement, aucun parti sur les propriétés des liens d’inférence qui sous-entendent le passage des prémisses aux conclusions : liens d’implication, de causalité, de signification, d’association, de voisinage, etc.; seule compte alors la possibilité d’apprécier la valeur empirique du résultat. Si la construction est vérifiée, nous devons considérer que chacune des opérations si {Pi} alors {Pj} comme une règle en puissance à propos de laquelle nous aurons à établir plus systématiquement que nous n’y avons jamais été obligés : - son extension L, T et F, c’est à dire les conditions nécessaires et (jusqu’à plus ample informé) suffisantes de sa recevabilité, La synthèse logiciste Le jeu des ré-écritures logicistes entraîne tout naturellement une modification fondamentale de nos pratiques de rédaction et nous sommes tenté désormais de publier nos travaux sous forme de schématisations et à l’avenir, peut être, sous forme de bases de connaissance (Gardin 1987-3). Les questions touchées concernent aussi bien les conditions pratiques de production de schématisations ex nihilo que les problèmes liés à la lecture de ces dernières. Texte et figures extraits de : Gallay (à paraître) : 25 ans de logicisme : quel bilan ? Publications GALLAY (A.). 1977. A propos de deux banques de données sur ordinateur en archéologie. Archs suisses d'anthrop. gén. (Genève), 41, 2, 99-110. |