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THEMES DE RECHERCHES

Pour en savoir plus

1. Cumulativiré , 2. Orientations générales , 3. Thèmes , 4. Science et littérature , 5. Logicisme , 6. Ethnoarchéologie , 7. Pré- et protohistoire Europe , 8. Pré- et protohistoire Afrique

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Tiebaéa2SX Sarnyéré1SX Sarnyré2SX Tellem1SX tellem2SX Sénégal1SX Sénégaé2SX

 

Une économie de marché

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Marchand d'or

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Caravane

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Capture d'esclave

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Caravane d'esclaves

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Conseil des chefs de familles

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Un chef de famille

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Tata fortifié

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Guerriers bwa

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Guerrier bambara

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Mosquée de Djenné

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La prière

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Ecole coranique

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La Charia

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Guerriers Wolof (Sénégal)

 

 

PRE- ET PROTOHISTOIRE AFRICAINE

A la recherches des sociétés sahéliennes du Passé

Pour télécharger les monographies des fouilles du site mégalithique de Santhiou Kohel (Sénégal) ou celle consacrée à la tradition céramique Dogon A (Mali), voir la page Plan du site

Les recherches menées en Afrique permettent d’établir des liens de continuité direct entre des recherches à la fois ethnologiques, ethnoarchéologiques et ethnohistoriques et l’archéologie.

1. Un modèle fonctionnel des sociétés protohistoriques et médiévales de l’Afrique de l’Ouest

1.1. Composantes fonctionnelles  du modèle

Le rôle central des échanges commerciaux à grande distance
L'histoire des empires sahéliens est indissociable de l'histoire du commerce international, qui lie ces derniers d'une part au monde méditerranéen, à travers le Sahara, et d'autre part aux zones méridionales forestières, voire à la traite atlantique.
Outre l’or et le sel, les esclaves jouent un rôle central et selon certains spécialistes, l'esclavage a été le principal moteur des formations étatiques sahéliennes.

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Les réseaux d'échanges commerciaux traditionnels en Afrique de l'Ouest avant le développement des monnaies papier . Carrés : marchés; triangles : communautés domestiques lignagères. La circulation de la poterie traditionnelle n'affecte que les marchés locaux (carré inférieur) et non les marchés régionaux (carrés médians) et les marchés internationaux (carré supérieur).

La confrontation des pouvoirs
L'histoire des formations politiques de la boucle du Niger s'inscrit dans un contexte de contestation du pouvoir patriarcal traditionnel par les pouvoirs guerrier, marchand ou religieux. Ce système peut être étendu à l’ensemble de la zone sahélienne.

- Le substrat patriarcal
Les structures sociales traditionnelles s'organisent selon une opposition entre aînés et cadets. Le pouvoir est aux mains des aînés, qui gèrent les greniers (soit la centralisation puis la redistribution des céréales), les femmes (soit l'organisation des mariages) et le savoir (soit le contrôle de la progression des connaissances par le biais des classes d'initiation). A ce niveau traditionnel, la chefferie reste fondée sur les liens sacrés qui s'établissent entre le premier occupant d'une région et la terre nourricière. Ce pouvoir du "chef de la terre" se transmet du frère aîné au frère cadet. Il reste donc dans les mains de la famille fondatrice, mais empêche un lignage de s'en arroger le monopole. Nous sommes en présence de ce que l’on peut nommer des chefferies archaïques.

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Structure temporelle de la chefferie du Sarnyéré. La première famille arrivée dans la montagne versd 1675 détient la chefferie et les droits sur la terre.

- Le pouvoir guerrier
Le pouvoir guerrier est basé sur la contestation de l'ordre patriarcal par les jeunes. Il reste pourtant fragile car il est fondé sur la redistribution. Le chef se doit en effet de récompenser ses guerriers en partageant le fruit des razzias. Toute stratégie d'accumulation ou d'investissement est ainsi impossible, ce qui ne permet pas de concevoir d'aménagements stables du territoire.
- Le pouvoir marchand
L'autorité s'affirme ici à travers une idéologie du profit et une croissance économique qui échappent partiellement à l'autorité des anciens. Ce phénomène entraîne une intensification des razzias. Si les populations animistes font les frais de cette politique agressive, les centres urbains liés aux grands axes commerciaux profitent en revanche largement de cet afflux de richesses.
- Le pouvoir religieux
Le pouvoir théocratique musulman reste la plupart du temps inféodé aux pouvoirs guerrier et marchand, à l'exception du cas de l'empire peul du Massina, où il est déterminant. L'idéologie de ces marabouts fournira par ailleurs une justification au pillage systématique des sociétés animistes.

Le contrôle territorial
La zone sahélienne est traditionnellement considérée comme la terre d'élection d'empires, dont l'étendue apparaît parfois démesurée, une situation qui soulève la question du contrôle effectif, par le pouvoir central, de territoires aussi vastes et hétérogènes. Dans l'espace géographique considéré, plusieurs centres proto-étatiques concurrents se partagent le territoire et les limites découlent de l'équilibre instable qui s'établit entre les diverses zones d'influence. Chaque formation politique présente, du centre vers la périphérie, trois zones concentriques :
- le cercle du pouvoir central
L'émergence d'un pouvoir politique dépassant le cadre strict des chefferies traditionnelles privilégie une ethnie dominante, du moins dans ce cercle central. Le contrôle spatial effectif du pouvoir nucléaire reste dans les fait très limité.
- le cercle du contrôle rapproché
Au delà de son centre, l'Etat contrôle un milieu ethniquement hétérogène par l'intermédiaire de commandements locaux, assumés par des chefs généralement choisis parmi les membres apparentés au lignage dominant.
- Le cercle du contrôle éloigné et de la prédation
Aux limites du territoire prennent place des actions guerrières, visant essentiellement la destruction de l'hégémonie adverse lors d'affrontements en rase campagne ou du siège de la ville capitale. A l’intersection des zones d’influence des diverses hégémonies, se situe le no man's land occupé par des populations faisant l'objet d'une pure prédation.

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Modèle des formations semi étatiques de la boucle du Niger avec deux centres hémoniques le long du Niger (en haut) et un centre au niveau du Burkina Faso (en bas).

Ce modèle exerce une pression importante sur la stabilité des populations et génère de multiples mouvements migratoires qui influencent à leur tour sur les composantes de la culture matérielle.
           
1.2. Taxinomie des sociétés

En se référant à Testart (2006), Meillassoux (1986) et Bazin (1982), il est possible de classer les sociétés sahéliennes dans les sociétés à richesses, sans propriété de la terre. Il s’agit de sociétés semi-étatiques hérarchisées à organisation lignagère. La constestation du pouvoir patriarcal les fait évoluer vers des société despotiques, dont les principaux types sont :

- La suite militaire
Cette notion est reprise d’Engels par Claude Meillassoux (1986) à propos de la naissance de l’empire du Mali. Au 12e siècle, un chef de lignage, Soundiata, réussit à fédérer un certain nombre de clans de langue Mandé pour lutter contre le brigandage et les razzias esclavagistes de ses voisins. Les guerriers réunis constituent des sortes de milices issues des populations franches qui tirent parti eux-mêmes, de façon « démocratique », des captifs que procure la guerre. Ces formations assurent la transition entre les chefferies traditionnelles et les formations ci-dessous.
- Le despotisme guerrier
Il y a despotisme lorsque le pouvoir est exercé par un seul homme qui ne tolère aucun autre pouvoir indépendant à ses côtés, de quelque nature qu’il soit, politique, économique ou religieux.
Ces formations ou, selon Jean-Pierre Olivier de Sardan (1982), les chefferies classiques, présentent  une caractéristique supplémentaire par rapport aux chefferies archaïques : l’existence d’une groupe social libéré de la production, spécialisé dans la guerre et l’exercice du pouvoir. Les empires sonraï er mossi appartient à cette classe.
- L’Etat guerrier
Les États guerriers ou tyrannies militaires, à l’image des Bambara de Ségou au Mali, sont des États esclavagistes s’appuyant sur un corps d’esclaves armés, les sofas, exploitant militairement les paysans contraints de participer physiquement à la capture des esclaves au sein d’une armée de métier.
- L’Etat marchand
A l’image de l’Empire peul du Massina ou de l’Empire d’El Hadj Omar, ces formations voient le renforcement de la sphère marchande.

2. Trois applications archéologiques

Les travaux poursuivis  au sein du Département d’anthropologie  de Genève tentent  de dépister, à travers les vestiges archéologiques, l’histoire de ces formations et l’impact qu’elles ont eu au niveau des populations.

2.1. Interactions entre populations à large échelle

En se fondant sur les données acquises lors des enquêtes ethnoarchéologique dans le Delta intérieur du Niger, Anne Mayor (2005) propose une histoire des populations de la Boucle du Niger fondée sur les traditions céramiques depuis le premier millénaire avant J.-C. Trois composantes sont décelables.
1. Un groupe nord-ouest et centre (Delta) lié à des locuteurs de la famille Mandé ouest-nord-ouest (Soninké, Bozo, Nono). Au niveau de la céramique, il se caractérise par le moulage sur forme convexe, remplacé entre le 5ème et le 11ème siècle dans le Delta par le moulage sur forme concave.
2. Un groupe oriental liés à des locuteurs de la famille Nilo-saharienne (Sonraï) intégrant des éléments autochtones Gur marqués par le pilonnage sur forme concave au dessus d’une vannerie.
3. Un groupe méridional lié à d’autres locuteurs de la famille Gur (Bwa notamment) caractérisé par la techniques du creusage de la motte.
La charnière 13-15e siècle est marquée par de nombreux mouvements de populations et correspond à la période où se mettent en place la plupart des traditions céramiques et des groupes ethnolinguistiques actuels.
Le matériel des fouilles que nous avions menées à Tiebala dan le Delta intérieur illustre l’apparition probable du moulage sur forme concave au 5ème siècle AD (Curdy 1982), une situation qui se retrouve dans la phase 4 de Djennné-Jeno. Cettte technique est en tout cas attestée dans cette région à partir du 11ème siècle (Mayor 2005).

2.2. Dynamique spatio-temporelle d’une population englobée : la diaspora de Kani na

En collaboration avec Anne Mayor, nous travaillons aujourd’hui sur la corrélation que l’on peut établir entre la tradition céramique dogon A, produite par des femmes  d’agriculteurs, et l’histoire de la diaspora dogon issue de Kani na, bien décrite par Germaine Dieterlen (1941) . Si notre interprétation est juste cette tradition ne caractérise qu’une petite partie du peuplement dogon, dont la mise en place, relativement tardive, remonte seulement au 13e-15e siècle, alors qu’un peuplement dogon beaucoup plus ancien est attesté par les recherches linguistiques en cours de la MAESAO par Roger Blench. Cette étude intègre également les recherches effectuées au Sarnyéré (Gallay, Sauvain-Dugerdil 1981).

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La diaspora dogon issue de Kani Na. Les rectangles foncés situe dans le temps les cinq faciès reconnus au niveau de la tradition céramique A. Cette dernière regroupe aujourd'hui des locuteurs parlant le tomo kan, le dogulu dom, le toro soo, le jamsay tegu et le toro tegu.

2.3. Dynamique politique interne d’une société : le mégalithisme sénégambien

A la suite de la fouille du site de Santhiou Kohel (Gallay et al. 1982), nous avons entrepris une réévaluation  des rituels funéraires de cet ensemble funéraire sur la base des données fournies par les fouilles de Cyr Descamps et Guy Thilmans, éclairée par les témoignages historiques récoltés depuis le 16ème siècle sur les rites funéraires préislamiques. Nous proposons une vision dynamique de l’évolution des rites funéraires. L’augmentation du nombre des morts d’accompagnement au cours du temps dans les cercles mégalithiques et les tumulus-pierriers pourrait être en relation avec l’évolution d’une société lignagère à tendance despotique.
Nous mettons par contre en relation l’édification, tardive, des tumulus à pierre frontale et la régression du nombre des morts d’accompagnements décelable à ce niveau avec la création, à la fin du 15ème siècle,  d’une formation étatique, le royaume du Saloum, sous l’égide de la dynastie des Gelwaar (Gallay 2006, 2007). Ce travail doit désormais être réévalué à la lumière des nouvelles fouilles effectuées à Sine Ngayène par Amadi Boccum et Augustin Holl.

Publications
BAZIN, J., TERRAY, E., ed. 1982. Guerres de lignages et guerres d'états en Afrique. Paris : Eds des archives contemporaines. (Ordres soc.).
CURDY (P.). 1982. Tiébala (Mali) : un complexe céramique du 6e siècle après J.-C. Archs suisses d'anthrop. gén. (Genève), 46, 2, 183-198.
DIETERLEN (G.). 1941. Les âmes des Dogons. Paris : Inst. d'ethnologie. (Trav. et mém. ; 40).
GALLAY (A.) & SAUVAIN-DUGERDIL (C.), collab. 1981. Le Sarnyéré Dogon : archéologie d'un isolat, Mali. Paris : Ed. ADPF. (Rech. sur les grandes civilisations : mém. ; 4).
GALLAY (A.), PIGNAT (G.), CURDY (P.). 1982. Mbolop Tobé (Santhiou Kohel, Sénégal) : contribution à la connaissance du mégalithisme sénégambien. Archs suisses d'anthrop. générale (Genève), 46, 2, 217-259.
GALLAY (A.). 1993-1994. Mégalithisme sénégambien et ethnohistoire : à propos des travaux de Jean Girard. Bull. du Centre genevois d'anthrop., 4, 93-103.
GALLAY (A.). 1994. Sociétés englobées et traditions céramiques : le cas du Pays dogon (Mali) depuis le 13ème siècle. In : Terre cuite et société : la céramique, document technique, économique, culturel. Rencontres int. d'archéol. et d'hist. (14, CNRS-CRA-ERA 36 ; 21-23 oct. 1993 ; Antibes). Juan les-Pins : Eds APDCA (Assoc. pour la promotion et la diffusion des connaissances archéol.), 435-457.
GALLAY (A.), HUYSECOM (E.), MAYOR (A.). 1995. Archéologie, histoire et traditions orales : trois clés pour découvrir le passé dogon. In : HOMBERGER (L.), ed. Die Kunst der Dogon. Cat. d'exposition (1995 ; Zürich). Zürich : Museum Rietberg, 19-43.
GALLAY (A.), HUYSECOM (E.), MAYOR (A.), CEUNINCK (G. DE). 1996. Hier et aujourd'hui, des potières et des femmes : céramiques traditionnelles du Mali. Cat. d'exposition (juin-oct. 1996 ; Genève, Museum d'hist. nat.). Genève : Dép. d'anthrop. et d'écologie de l'Univ. (Docum. du Dép. d'anthrop. et d'écologie de l'Univ. de Genève ; 22)
GALLAY (A.). 2000. Peuplement et histoire de la boucle du Niger (Mali) : un exemple de recomposition sociale dans l'artisanat du feu. In : PETREQUIN (P.), FLUZIN (P.), THIRIOT (J.), BENOIT (P.), ed. Arts du feu et productions artisanales. Rencontres int. d'archéol. et d'hist. (20, CNRS-CRA; 21-23 oct. 1999 ; Antibes). Antibes : Ed. APDCA, 237-259.
BEDAUX (R.M.A.), GALLAY (A.), MACDONALD (K.C.). 2003. L'archéologie des Dogon de l'Est : Nokara, Sarnyéré et Douentza. In : BEDAUX (R.), VAN DER WAALS (J.D.), ed. Regards sur les Dogon du Mali. Leyde : Rijksmus. voor Volkenkunde ; Gand : Snoeck, 40-47.
GALLAY (A.). 2006. Les sociétés mégalithiques : pouvoir des hommes, mémoire des morts. Lausanne : Presses polytechniques et univ. romandes. (Le savoir suisse : histoire ; 37).
GALLAY (A.). 2007. Le mégalithisme sénégambien : un approche logiciste. In : DESCAMPS (C.), CAMARA (A.) ed. Senegalia : études sur le patrimoine ouest-africain (Hommage à Guy Thilmans), 205-222.
GALLAY (A.), MAYOR (A.) (A paraître). Archéologie de la diaspora dogon de Kani na (Mali) : tradition céramique et diversification linguistique.
MAYOR, A. 2005. Traditions céramiques et histoire du peuplement dans la Boucle du Niger (Mali) au temps des empires précoloniaux. Genève : Université de Genève (thèse de la Faculté des sciences n° 3686). 2 vol.
MEILLASSOUX, C., 1986. Anthropologie de l'esclavage : le ventre de fer et d'argent. Paris : Presses univ. de France.
OLIVIER DE SARDAN, J.-P. 1982. Le cheval et l'arc. In : BAZIN, J., TERRAY, E., ed. Guerres de lignages et guerres d'états en Afrique. Paris : Ed. des Archives contemporaines, 189-234.
TESTART, A. 2005. Eléments de classification des sociétés. Paris : Errance.