Recherches
Dédicace
Aux sources d’un destin familial
Donation Tessin
Site web réalisé par Lune d’Elle
Alain GALLAY, avec la collaboration d’Éric HUYSECOM et Anne MAYOR
Monographie réalisée dans le cadre des missions MESAO et MAESAO (programme Paléoenvironnement et peuplement humain en Afrique de l’Ouest) de l’Université de Genève
Ce premier chapitre situe le cadre théorique et pratique des misions entreprises par l’Université de Genève en Pays Dogon (Mali) entre1998 et 2011. L’objectif de ces recherches concernait l’étude ethnoarchéologique des traditions céramiques actuelles de la zone, dans le prolongement des travaux effectués dans le Delta intérieur du Niger. Elle avait pour but de tester les corrélations possibles entre traditions céramiques et populations.
Le premier point concerne une évaluation de la notion, souvent contestée, d’ethnie, à laquelle nous préférons celle, plus souple, de population.
Cette réflexion se prolonge sur des considérations sur l’approche ethnoarchéologique et les mécanismes assurant la diffusion spatiale des traditions et ses prolongations au niveau archéologique. Elle débouche sur les procédures permettent d’identifier la nature des peuplements.
On définit ensuite le cadre géographique de ces recherches et l’on dresse un bilan de la structure linguistique particulièrement complexe du Pays dogon, les parlers fournissant un cadre de référence essentiel pour ce type de recherche.
La présentation du contexte artisanal nécessite que l’on donne une définition précise de la notion de tradition et que l’on explicite les paramètres techniques de notre analyse des chaînes opératoires de montage. Cette perspective technologique fournit en effet la base des distinctions que l’on peut considérer comme pertinentes. Les caractéristiques stylistiques des poteries, formes et des décors, se sont effet révélées des marqueurs plus difficiles à manier dans la perspective retenue. Les décors ne permettent pas en effet d’être utilisés de façon systématique pour discriminer les traditions, malgré certaines exceptions qu’il convient de souligner (traditions C et E par exemple).
On donne également quelques renseignements sur la question de l’élaboration d’une typologie fonctionnelle permettant d’identifier les fonctions des récipients en utilisant un nombre restreint de mesures.
On présente ensuite le calendrier des recherches et l’on termine cette présentation par une évaluation de la documentation récoltée en distinguant données pertinentes systématiques et données pertinentes non systématiques.
Céramique, style, ethnie
*Théorie de l’ethnie. Théorie du style. Théorie de l’identité
Références ethnoarchéologiques
*Cartographie d’une tradition. Mécanismes de production-diffusion. Modalités de la répartition spatiale d’une tradition. Théorie ehnoarchéologique de la culture
Applications archéologiques
*Procédures d’identification des peuplements
Contexte géographique
Contexte ethnolinguistique
*Histoire des recherches. Classement et rattachement. Diversification linguistique. Classement
Définition d’une tradition céramique
Analyse des chaînes opératoires de montage
*Notion de chaîne opératoire. Caractéristiques communes. Objectif des analyses. Enregistrement des séquences de montage : perspective ETIC. Interprétation des séquences de montage : perspective EMIC. Principes de la banque de données EMIC
Typologie fonctionnelle
Objectifs des missions Delta
Objectifs des missions dogon : une restriction des choix
Recherches néerlandaises
Mission Sarnyéré 1976
Missions MESAO Delta
Missions du programme Paléoenvironnement et peuplement humain en Afrique de l’Ouest
*Mission décembre 1998. Mission février 2000. Mission novembre 2000. Mission février 2002. Mission janvier 2003. Mission janvier-février 2004. Observations complémentaires 2005-2011.
Données pertinentes systématiques
*Couverture géographique. Sphères d’endogamie et insertion géographique. Peuplement forgeron et déterminants patronymiques. Insertion linguistique. Chaînes opératoires de montage. Typologie esthétique des traditions. Ethnohistoire
Données pertinentes non systématiques
*Peuplement non paysan et déterminants patronymiques. Typologie fonctionnelle. Phénomènes d’acculturation. Données ponctuelles
La tradition céramique A est le propre de femmes d’agriculteurs « nobles » (par opposition aux gens de castes et aux esclaves). On peut distinguer des villages ateliers où pratiquement toutes les femmes pratiquent cet artisanat d’une production plus dispersée. Le centre historique de cette tradition se situe sur le Plateau en zone de parler donno. La céramique est essentiellement écoulée sur le marché de Bandiagara.
La tradition A est caractérisée par un montage par pilonnage sur forme concave la poterie reposant le plus souvent sur une natte de type vannerie droite à brins cordés (natte de fibres d’écorce de baobab).
La cuisson a lieu dans des emplacements permanents excavés bordés d’un muret de pierres sèches.
Les formes sont d’une extrême monotonie et se limitent à des sphères ou, plus rarement, à des demi-sphères. Les ouvertures sont souvent étroites. Le style de la tradition céramique est dominé par les surfaces décorées procédant du support utilisé lors du façonnage de la préforme.
Les typologies présentées reposent sur un nombre limité de caractéristiques intrinsèques et sur une redéfinition des fonctions que l’on peut qualifier de « primaires » (ce récipient a été fabriqué pour telle utilisation). Le classement proposé est une typologie fondée sur les trois dimensions principales des récipients : diamètre maximum, hauteur et diamètre de l’ouverture.
Les données permettent de confirmer le rôle central joué par les zones de parlers donno et toro dans la production de la tradition A. Viennent ensuite les zones jamsay tegu essentiellement concentrées dans le Dianwéli et le long de la Falaise jusqu’à Bamba et la zone tomo kan avec les ateliers situés au nord de la zone.
L’apprentissage se déroule de façon générale dans le cadre de la famille de la potière, plus exceptionnellement dans la famille du mari. Deux à trois potières sur 10 sont susceptibles de transmettre la tradition d’un village à l’autre dans la sphère d’endogamie définie par le parler
La confrontation entre la carte des potières enquêtées et celle des enseignantes permet de mettre en évidence un certain nombre de faits caractérisant l’évolution actuelle de la zone de production : régression de la production de céramiques est très nette dans les villages de la Falaise et phénomène inverse affectant le nord de la zone tomo. Des changements récents témoignent d’une certaine dynamique de la tradition sur le plan stylistique.
Modalités de production : les ateliers
*Ateliers et production dispersée. Géographie des villages ateliers de tradition A. Modèle pour l’organisation de la production
Techniques et chaînes opératoires
*Outils et supports. Extraction de l’argile. Chaînes opératoires de montage : diagnose. Chaînes opératoires de montage : gestes. Chaînes opératoires de montage : séquence de montage. Cuisson
Esthétique
*Formes et décors. Traces de montage
Typométrie fonctionnelle
*Structure typométrique générale. Typométrie des classes fonctionnelles
Patronymes et parlers
Sphères d’endogamie
Endogamie patronymique. Endogamie de village
Apprentissage
*Rattachement familial de l’apprentissage. Rattachement villageois de l’apprentissage. Calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition
Zones de production actuelles
Tradition A en dehors des zones de production actuelles
Phénomènes d’acculturation
*Évolution récente des supports utilisés lors des montages. Extension des zones de production
La tradition céramique B, centrée sur la plaine du Séno, est traditionnellement liée aux femmes des forgerons jèmè na. On peut néanmoins de la scinder en deux ensembles qui se distinguent sur le plan ethnolinguistique et historique. La tradition B1 tire son origine du royaume mossi du Yatenga au Burkina Faso ; La tradition B2 correspond aux vrais forgerons jèmè na évoqués par les mythes et les traditions et sont associés à la tribu dogon des Ono, dont le peuplement principal est centré sur le Mondoro-Dinangourou.
La production se situe dans un cadre domestique. Les potières travaillent à leur domicile. La céramique est écoulée dans l’atelier même, directement dans les villages et sur les marchés.
Les techniques de fabrication des poteries ont été étudiées dans la famille Niangali de Ka In Ouro. Les poteries sont montées selon la technique du pilonnage sur forme concave, le support étant le plus souvent un moule massif d’argile cuite. La cuisson de la céramique (Ka In Ouro) est, une cuisson directe en tas au contact du combustible.
Les céramiques se distinguent des céramiques des autres traditions de la plaine du Séno par leur forme régulièrement sphérique et la rareté des poteries à ouverture très étroite. Les poteries ne sont pratiquement pas décorées mis à part quelques cordons en relief continus ou non, souvent ornés d’empreintes digitales.
La poterie est morphologiquement peu différenciée. Exceptionnellement les catégories « cuire les sauces », « cuire l’eau » et « cuire le mil » sont pourtant bien ségrégées selon des dimensions croissantes.
Les potières parlent avant tout mossi comme première langue, mais également, selon la région où elles se sont installées, le jamsay tegu et le guru kan, une variété de jamsay tegu parlé dans la région de Koro. Les déplacements matrimoniaux des potières semblent, globalement, plus importants par rapport à la moyenne du Pays dogon.
Les forgerons et potières de la plaine du Séno occupent une région où les « nobles » parlent majoritairement le jamsay tegu ou des formes dialectales dérivées de cette langue. Les deux premières langues parlées par les potières contrastent avec cette situation puisqu’il s’agit d’abord, dans 60 % des cas, du mossi, puis seulement, dans 36,6 % des cas, du jamsay tegu.
Toutes les femmes de la famille de la future potière, tant du côté du père que de la mère, qui habitent la concession ou plus généralement le village de cette dernière, sont susceptibles de fonctionner comme enseignante et ceci jusqu’à la génération G-3. Dans le cas des apprentissages qui se déroulent au sein de la famille du mari, l’éventail des possibilités se restreint (5.0 % des cas).
Le calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition donne 60.6 % de possibilités de transfert d’un village à l’autre, une valeur bien supérieure à celle de la tradition A.
Au plan géographique la tradition B1 est positionnée sur le centre de la plaine du Séno et s’étend jusque dans la région de l’ancien Yatenga aux environs de Ouahigouya. On peut identifier l’individualisation récente de la tradition au niveau de la plaine du Séno alors que son origine semble située dans l’ancien Yatenga au Burkina Faso
On a complété l’analyse par une description du travail du cuivre observé dans le village de Yadianga.
Modalités de production : les ateliers
*Ateliers et production dispersée. Géographie des villages ateliers de tradition A . Modèle pour l’organisation de la production
Techniques et chaînes opératoires
*Outils et supports. Extraction de l’argile. Chaînes opératoires de montage : diagnose. Chaînes opératoires : gestes. Chaînes opératoires de montage : séquence de montage. Cuisson
Esthétique
*Formes et décors . Traces de montage
Typométrie fonctionnelle
*Structure typométrique générale. Typométrie des classes fonctionnelles
Potières
Patronymes et parlers
*Patronymes et réseaux d’alliance. Déplacements matrimoniaux
Multilinguisme
Apprentissage
*Rattachement familial de l’apprentissage. Rattachement villageois de l’apprentissage. Calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition
Zones de production actuelles
Dynamiques historiques
Observations
Synthèse
*Une tradition stylistiquement homogène. Deux composantes démographiques, dont une majoritaire récente d’origine mossi. Une rupture avec les origines burkinabées
Objets fabriqués
Techniques de fonte
*Obtention du cuivre. Fabrication des moules. Confection du creuset et assemblage. Fonte
Suspectée lors de notre séjour à Ka In Ouro, la tradition B2 a été individualisée en 2004 à Sobangouma et Dinangourou.
La production de la poterie s’effectue dans le cadre domestique, souvent dans des abris jouxtant la case d’habitation.
La céramique est écoulée dans l’atelier même ou au sein du village, beaucoup plus rarement directement dans les villages extérieurs et sur les marchés. La faible importance des « ventes villageoises » et des « ventes marchandes » dans la diffusion de la poterie de tradition B2 signe une certaine faiblesse de l’ « économie à marchés périphériques ».
Comme pour la tradition B1 la technique de montage est celle du pilonnage sur forme concave, le support étant un moule massif d’argile cuite. Après une période de séchage, les poteries sont enfin toutes enduites d’une barbotine composée d’argile très liquide régularisée par frottement à l’aide d’un chiffon.
La cuisson est une cuisson en tas en périphérie du village utilisant essentiellement des tiges de mil.
La comparaison des chaînes opératoires de façonnage des traditions B1 et B2 permet de mettre en évidence la très grande similarité des deux ensembles techniques révélant certainement une communauté d’origine. Des différences significatives existent néanmoins, qui révèlent une certaine originalité des deux ensembles.
Au plan esthétique la céramique de tradition B2 se distingue de la poterie de tradition B1 par des bords évasés et des panses décorées à l’aide d’un ressort métallique roulé à la surface de la poterie. Des cordons impressionnés continus ou discontinus peuvent également orner le haut des panses.
Au plan typométrique les catégories « cuire la sauce » et « cuire le mil » ne sont pas distinguables avec certitude.
Les patronymes des potières les plus fréquents des traditions B1 et B2 présentent un faible degré de recouvrement témoignant clairement de deux groupes de familles revendiquant toutes deux leur appartenance au clan des Jèmè na, mais conservant une certaine autonomie d’ordre historique. Cette autonomie se reflète au niveau des mariages dans deux sphères d’endogamie distinctes.
Les potières parlent comme première langue le jamsay tegu et secondairement le peul.
Toutes les femmes de la famille de la future potière, tant du côté du père que de la mère, qui habitent la concession ou plus généralement le village de cette dernière, sont susceptibles de fonctionner comme enseignante et ceci jusqu’à la génération G-3.
Le flux intervillageois de transfert de la tradition (60.7 %) est équivalent à celui de la tradition B1 (60.6%).
La tradition B2 occupe le Mondoro – Dinangourou ainsi que la région de Yoro. Elle ne déborde par contre que peu sur le Burkina Faso.
Les potières de tradition B2 appartiennent clairement à des familles de forgerons travaillant pour les paysans dogon houmbébé issus de la tribu Ono.
Nous rattachons provisoirement à une tradition B indifférenciée les productions observées dans le Dianwéli au sud de Douentza lors de la mission 2000. Les deux traditions B et A, également présentes dans la région, présentent certains traits d’acculturation rendant parfois difficile l’identification de l’origine des poteries.
Les forgerons du Dinangourou pratiquent le travail du cuivre et de l’argent pour la confection de bracelets.
Modalités de production une logique du fer
Modalités de diffusion
Techniques et chaînes opératoires
*Outils et supports. Chaîne opératoire de montage : diagnose. Chaîne opératoire de montage : séquence de montage. Cuisson. Comparaison avec la tradition B1. Relation avec la tradition mossi
Esthétique
Formes et décors
Typologie fonctionnelle
Catégories fonctionnelles
Potières
Patronymes et sphères d’endogamie
Déplacements matrimoniaux
Multilinguisme
Apprentissage
*Rattachement familial de l’apprentissage. Rattachement villageois de l’apprentissage. Calcul du flux intervillageois de la tradition
Extension géographique
*Zones de production actuelles. Noyau houmbébé. Familles habituellement liées à la tradition B1. Familles habituellement liées à la tradition B. Famille d’origine mossi pratiquent la tradition B2
Dynamiques historiques
Le peuplement houmbébé
Mondoro et Dinangourou
Dianwéli
Structuration spatiale de la tradition B2
Synthèse
Les particularités de la traditionB2
Structure du peuplement
Modalités de production et de diffusion
Patronymes, dialectes et insertion sociale
*Dianwéli Maoundé. Dala. Boumban. Gono
Techniques de montage et de cuisson
Éventail morphologique et décoratif
Problèmes d’identification des céramiques du Dianwéli
Apprentissage et transmission de la tradition
*Calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition
Technique de fonte et de façonnage
Fabrication d’un bracelet d’argent
Fabrication d’un bracelet de cuivre
La présentation de la tradition céramique C pose certaines difficultés dues à la complexité des paramètres permettant de la définir dans son unité et ses variantes régionales. La tradition est néanmoins avant tout associée aux Tomo, probablement d’origine malinké, occupant la partie méridionale du Pays dogon. L’adoption de la tradition C en plaine par des potières dafi parlant dioula demanderait par contre à être précisée au plan historique.
La production se situe dans un cadre domestique.
La répartition des potières permet de définir six zones de concentrations coïncidant avec les parlers dominants : zones 1 à 3, tomo kan, zone 4, donnoso, zone 5 et 6, togo kan.
La mobilité des potières dans la diffusion de leur production, tant à travers la vente directe dans les villages environnants que sur les marchés hebdomadaires, est importante.
Trois techniques sont présentes : T1, le modelage et creusage d’une motte, T2, le montage en anneau et T3, le pilonnage sur forme convexe. Alors que les deux premières sont pratiquées dans toute la région occupée par les deux castes des Jèmè yélin et des Dafi, le montage sur fond retourné n’est pratiqué que par les potières des zones 1, 2 et probablement 4.
L’argile pour les poteries provient soit des remblais issus des puits d’extraction du minerai de fer au pied de la Falaise, soit des marigots de la plaine, soit enfin de véritables cavités excavées situées en pied de falaise.
Au plan technique le support le plus caractéristique est une coupelle taillée dans un tesson de poterie.
La technique du modelage (T1) s’apparente à celle du creusage de la motte observée dans les traditions bwa et dogon D. Le montage en anneau (T2) implique l’adjonction secondaire du fond. La technique du moulage sur fond retourné (T3) est une technique très largement répandue dans toute la boucle du Niger. Les techniques de cuisson utilisées dans cette région sont celles, ubiquistes, de la cuisson en tas.
La typologie est relativement monotone sur le plan formel. Les décors sont ici particulièrement intéressants car ils répondent à un véritable programme stylistique riche et cohérent permettant d’identifier immédiatement la tradition.
Au plan typométrique, les diverses fonctions sont essentiellement ordonnées en fonction des diamètres croissant de la panse, la hauteur n’ayant qu’un faible pouvoir discriminant pour des diamètres comparables.
Les potières sont des femmes de forgerons, appartenant à deux castes distinctes, les forgerons des Dafi parlant le dioula et les forgerons des Tomo appelés Jèmè-yélin et parlant essentiellement le tomo kan.
On notera l’importance exceptionnelle du patronyme Arama et l’isolement du patronyme Karambé. L’analyse des mariages entre la plaine et le Plateau permet d’isoler des tendances diachroniques concernant l’endogamie des potières.
L’apprentissage de la céramique est ici aussi assuré dans le cadre de la famille de la potière ou dans celle du mari. Le calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition donne 46.5 %, une valeur bien supérieure à celle de la tradition A (22.4 %), mais inférieure à celle de la tradition B1 (60.6 %).
Sur le plan historique, la technique du modelage est considérée comme ancienne et la technique du pilonnage sur forme convexe comme récente. Le façonnage en cylindre pourrait être une technique originaire du Sud (une technique Dafi ?). Les données ethnohistoriques et archéologiques récoltées par Anne Mayor à l’occasion de ses fouilles dans le village de Tyi confirment la présence des traditions A et C à Tyi dès la fondation du village, une fondation liée à l’arrivée de Tomo dans la région. La question du peuplement récent du Plateau méridional suite à un abandon temporaire lié à des conflits ou à des sécheresses reste également un enjeu historique important.
Traditions et castes des forgerons
Modalités de production : une logique du fer
Modalités de diffusion
*Vente dans les villages. Vente sur les marchés. Distances aux marchés
Techniques et chaînes opératoires
*Observations ponctuelles. Collecte et préparation des argiles. Outils et supports
T1 modelage
*Chaînes opératoires de montage par modelage : diagnose. Chaînes opératoires de montage par modelage : gestes. Chaînes opératoires de montage par modelage : séquence de montage
T2 montage en anneau
*Chaînes opératoires de montage en anneau : diagnose. Chaînes opératoires de montage en anneau : séquence de montage. Observations complémentaires
T3. Moulage sur forme convexe
*Chaînes opératoires de montage par moulage sur forme convexe : diagnose. Chaînes opératoires de montage moulage sur forme convexe : gestes
Identification des techniques par les traces
Cuisson
Esthétique
*Formes et décors
Typologie fonctionnelle
*Catégories fonctionnelles
Patronymes et castes
*Patronymes tomo. Patronymes dafi. Patronymes Djèmè Irin
Patronymes et sphères d’endogamie
*Endogamie et patronymes. Endogamie et géographie. Mécanismes économiques et sociaux
Patronymes et parlers
Déplacements matrimoniaux
Apprentissage
*Rattachement familial de l’apprentissage. Rattachement villageois de l’apprentissage. Calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition
Zones de production actuelles
Ancienneté relative des techniques
Histoire des Tomo
*Le village abandonné de Tyi. Importance de la zone métallurgique de la Falaise
La question du peuplement récent du Plateau méridional
*Observations. Interprétations
ANNEXES
Les potières qui pratiquent la tradition D sont les femmes des forgerons jèmè-irin.
Comme pour la tradition A, la production se situe dans un cadre domestique.
La répartition des potières permet de définir quatre zones de concentrations coïncidant avec des parlers dominants et, pour certaines zones, à des traditions métallurgiques identifiées par Caroline Robion, soit zone 1 (Mombo et tradition métallurgique de Fiko), zone 2 (Ampari et tradition métallurgique de Ouin, zone 3 (Bondum et tradition métallurgique de Tinntam) et zone 4 (Tommo so).
La céramique est écoulée dans l’atelier même ou au sein du village de la potière, directement dans les villages et sur les marchés. La mobilité des potières dans la diffusion de leur production, tant à travers la vente directe dans les villages environnants que sur les marchés hebdomadaires, reste très peu importante.
On observe également une diffusion par des femmes dogon des productions somono acquises sur le marché de Kona et une diffusion marchande de céramique peul assurée par des potières de cette tradition.
La tradition D présente certaines analogies avec les traditions céramiques deltaïques, notamment bwa. Le façonnage de la céramique se rattache à la technique du creusage de la motte d’argile et s’effectue sur une coupelle d’argile crue.
Une partie des caractéristiques des poteries découle directement des techniques de montage notamment des parois des récipients particulièrement épaisses. Le décor se distingue par une grande pauvreté des registres décoratifs, par des panses le plus souvent recouvertes de façon uniforme d’un décor d’impression de cordelette roulée et par l’absence de peinture rouge.
La typométrie présente un bon pouvoir discriminant concernant les classes fonctionnelles.
Les potières sont des femmes de forgerons dits Irin et Djo Dempé. Des intermariages sont aujourd’hui possibles entre les familles des deux groupes, une situation probablement récente.
Globalement parlant 85 % des mariages se site dans un périmètre de 32.09 % km, ce qui est relativement peu pour les familles de forgerons. La transmission des avoirs s’effectue dans le cadre familial de la potière et plus rarement dans celle du mari
Le calcul du flux intervillageois de transfert de la tradition donne 35.7 % de possibilité de transfert d’un village à l’autre, une valeur bien supérieure à celle de la tradition A, qui est de 22.4 %, mais inférieure à celle de la tradition B1 (60.6 %).
Les forgerons irin associés aux potières de tradition D se sont installés sur l’ensemble de la partie septentrionale du Plateau, à l’exception des régions de parlers tiranige tiga (duleri dom), ainsi que donno so où les femmes des Jèmè irin pratiquent la tradition C.
Des récoltes de céramiques effectuées sur deux sites anciens proches de Dogani, Toumbouro et Dogani Bèlè, permettent de préciser certains points d’histoire des traditions céramiques de la région.
La synthèse de données ethnohistorique et archéologique fait surgir un certain nombre de contradictions. On peut néanmoins soutenir les alternatives historiques proposées par Caroline Robion en y intégrant nos données sur la céramique :
– Les cultivateurs dogon « transformés en forgerons » ont emprunté aux ancêtres des Bwa leurs traditions techniques tant sidérurgique que céramique.
– Une partie des ancêtres de Bwa ont intégré la caste des forgerons dogon.
La création d’une tradition céramique autochtone, pourrait néanmoins intervenir tardivement dans ce processus, à une date inconnue, mais antérieure au XVIIIe s.
Traditions et castes de forgerons
Modalité de production : une logique du fer
Modalités de diffusion
Distance aux marchés
Diffusion des poteries originaires du Delta intérieur
*Diffusion des poteries de tradition somono. Diffusion des poteries de tradition peul
Techniques et chaînes opératoires
*Collecte et préparation des argiles. Outils et supports. Chaînes opératoires de montage : gestes. Chaînes opératoires de montage : séquence de montage. Cuisson
Esthétique
*Formes et décors
Typométrie fonctionnelle
*Structure typométrique générale. Typométrie des classes fonctionnelles
Patronymes et parlers
Patronymes et réseaux d’alliance
*Patronymes et endogamie. Déplacements matrimoniaux
Paronymes et parlers
Apprentissage
*Rattachement familial de l’apprentissage. Rattachement villageois de l’apprentisse. Calcul du flux ingtervillageois de transfert de la tradition
Zones de production actuelles
Origine et ancienneté de la tradition D
*Relations avec la tradition A. Traditions historiques orales. Perspective archéologique : histoire des traditions sidérurgiques. Perspective archéologique : histoire de la tradition céramique D. Synthèse
Le Gourma-des-Monts présente une situation doublement exceptionnelle. Une même tradition est en effet partagée par deux groupes humains totalement étrangers l’un à l’autre et la poterie peut être fabriquée aussi bien par les hommes que par les femmes.
Cette tradition a été étudiée en 1976 dans le cadre du programme d’études démographiques et génétiques réalisé par l’INED, puis en 2000 dans le cadre de la MAESAO.
Comme pour la tradition A, la production se situe dans un cadre domestique, mais les artisans peuvent travailler sur des emplacements distincts du cadre domestique, notamment dans des abris sous roche
On peut opposer les Dogon des montagnes (Sarnyéré, Tabi), qui paraissent peu enclins à diffuser leur production, aux potiers et potières rimaibé, qui présentent une plus grande ouverture économique. La faiblesse des « ventes villageoises » et des « ventes marchandes » (dans le sens concret de transactions marchandes sur des places consacrées) et leur faible impact au plan géographique signe pour la poterie une « économie à marchés périphériques », ici peu développée.
Au plan technique la technique est celle du pilonnnage sur forme convexe (fond retourné), les seuls supports utilisés sont des poteries communes orientées ouverture vers le bas. Les instruments comprennent des percuteurs en argile comparables aux percuteurs utilisés par les potières peul du Delta et des palettes.
La cuisson est une cuisson en tas dans une fosse partiellement entouré d’une murette.
La typologie de la céramique reste simple. Le décor est peu abondant et se limite le plus souvent à des impressions de cordelettes roulées localisées dans la moitié supérieure de la panse et disposées en un ou plusieurs registres superposés.
Au plan de la typologie fonctionnelle la terminologie indigène rend compte de façon correcte des diverses classes, en l’occurrence peu nombreuses et en relation avec le cycle de l’eau.
L’ensemble des données réunies pour le Gourma-des-Monts montre que la question de l’insertion de la tradition E dans le tissu démographique, social et politique de la société dogon locale doit être traitée à deux niveaux.
Niveau 1 : la tradition céramique dans ses constantes technologiques et esthétiques coïncide avec l’ensemble des massifs.
Niveau 2 : à l’intérieur du premier ensemble se dessinent des sphères d’endogamie plus restreintes. Ces dernières se situent d’abord au niveau des massifs, ensuite au niveau des villages.
Au plan historique les enquêtes ethnohistoriques effectuées auprès les Dogon du Sarnyéré permettent de restituer l’histoire des familles du massif montagneux depuis le XVIIe s. et de situer par rapport à cette dernière un certain nombre de villages abandonnés.
Les décomptes effectués sur le matériel céramique montrent qu’une tradition A ancienne a été remplacée par la tradition E dans les années 1820-1825. L’influence des bouleversements introduits par la Dina de Seekou Aamadou – Hamdallahi est fondé en 1820-21- permet peut-être l’expliquer l’apparition de la tradition E dans la région et d’expliquer ses caractéristiques peul.
Les enquêtes ont été complétée par des observation effectuées à Tébi Maoundé qui assure la liaison entre le Gourma des Monts et le Dianwéli.
Modalités de production : une logique d’agriculteurs
Modalités de diffusion
Techniques et chaînes opératoires
*Outils et supports. Chaîne opératoire de montage : diagnose. Séquence de montage. Cuisson
Esthétique
*Formes et décors
Typométrie fonctionnelle
*Structure typométrique générale. Typométrie des classes fonctionnelles
Potiers et potières
Patronymes et sphères d’endogamie
* Identité des producteurs. Conditionnement géographique. Histoire des lignages. Relations entre villages et mariages. Conclusion. Apprentissage. Rattachement familial de l’apprentissage
* Zones de production actuelles
Origine et ancienneté de la tradition E
* La séquence du Sarnyéré. La séquence des grottes funéraires de Nokara. La séquence de Tébi Maoundé. Synthèse
Le Hombori, région au passé historique mouvementé, abrite traditionnellement des peuplements sonraï et dogon occupant des villages distincts. Aujourd’hui, les anciens Dogon se disent Sonraï. La seule céramique produite dans la région est une céramique sonraï produite par des femmes de forgerons.
La poterie présente une diffusion qui ne dépasse apparemment pas les environs du massif. Le marché de Hombori situé sur le grand axe de communication reliant Mopti à Gao constitue le seul point d’attraction.
La céramique est montée par pilonnage sur dépression maçonnée ou sur un moule d’argile crue d’une forme particulière, propre au Hombori et présentant une protubérance basale. L’outil principal est le percuteur de pierre. Aucune cuisson n’a été observée.
La céramique se distingue clairement des autres traditions étudiées jusqu’alors. Les céramiques les moins altérées présentent souvent une surface externe rouge oxydée et une surface interne réduite. Une forme de bord très caractéristique est associée à un mince cordon horizontal externe qui porte généralement une série de petites encoches obtenues avec la tranche d’un fragment de calebasse. Les panses des céramiques sont décorées à la cordelette roulée sur engobe épais, ce qui est exceptionnel pour une poterie montée par pilonnage sur forme concave. Le haut de la panse est souvent souligné par une ligne d’impressions de points. Il s’agit d’une production originale distincte de la production sonraï du nord du Delta intérieur et des rives du Niger en aval de Gao.
L’apparition de la tradition sonraï du Hombori pourrait dater de la première conquête sonraï au XVe s., les guerriers sonraï de Soni Ali Ber ayant amené avec eux leurs forgerons. On ignore tout de la présence d’une éventuelle céramique dogon ancienne dans la région.
*Modalités de diffusion
Techniques et chaînes opératoires
*Supports et outils. Chaînes opératoires de montage : gestes. Chaînes opératoires de montage : séquence de montage
Cuisson
Esthétique
Formes et décors
Potières
Dynamiques historiques
Origine et ancienneté de la tradition sonraï
*Histoire de la tradition sonraï du Hombori. Dynamique de l’occupation
Pour une histoire de la tradition sonraï du Hombori
ANNEXES
Le programme de recherches sur la céramique dogon, initié dans le cadre de la MAESAO, ne comprenait pas dans ses objectifs une analyse des modalités de consommation de la céramique. Les quelques inventaires exhaustifs de concessions réalisés antérieurement lors de la mission 1991-1992 par la MESAO à Modjodjé lé, Ka In Ouro, Niongono et Diékan permettent néanmoins d’aborder succinctement cette question.
– A Modjodjé lé, village dogon de parler tomo, plusieurs potières pratiquent la tradition A. Le village abrite également une grande famille de forgerons dont les femmes pratiquent la tradition C. Les enquêtes ont permis de procéder à l’inventaire complet de la concession de Goulakan (Djongo) de tradition A. Ces données ont été complétées par des inventaires ne portant que sur l’origine des poteries soit les cases de quatre potières de tradition C de la grande concession de forgerons, deux autres concessions de potières de tradition et deux autres concessions de femmes ne pratiquant pas la poterie.
Globalement parlant la tradition C domine les inventaires avec 66.1% des poteries, suivie de la tradition A.
L’examen des achats extérieurs, mis à part vers Mopti, permet de mettre en évidence certaines frontières remarquables. 1. Tous les déplacements se situent en zone de peuplement tomo dans la zone occupée par les Jèmè yélin ; au nord-est, la zone des Jèmè irin est en effet soigneusement évitée, ce qui explique l’absence totale de poteries de traditions D à Modjodjé. 2. Les déplacements en directions de l’est sur le Plateau de Bandiagara n’atteignent pas la Falaise. 3. Les déplacements en direction de l’ouest ne dépassent jamais la limite de la zone d’inondation du Delta intérieur.
– A Niongono, la concession analysée est celle du chef du village (C1). Une famille de forgerons productrice de céramiques habite également le village et ravitaille donc les familles de ce dernier. Quelques données complémentaires sont disponibles pour cette concession des potières du village (C2).
L’examen des achats extérieurs permet de confirmer la part fondamentale des achats locaux, l’importance des marchés dans l’approvisionnement externe et la part non négligeable jouée par les potières itinérantes.
– A Ka In Ouro, la concession est occupée par une famille de potières. Nous avons ici la possibilité d’analyser un inventaire céramique dans une famille productrice qui utilise prioritairement sa propre céramique (C1). La comparaison peut être entreprise avec l’inventaire d’une seconde concession d’agriculteurs dogon (C2A et C2B). Quelques données complémentaires succinctes sont disponibles pour des concessions fulsé/mossi du village et pour le campement peul de Ka In Fulbé (Géri), proche de Ka in Ouro.
Sur l’ensemble de l’agglomération les poteries produites par les deux potières du village représentent 38.3 % des poteries des concessions. Globalement, les poteries de tradition mossi dominent aussi bien chez les cultivateurs dogon (61,8 %) que chez les Mossi (56,3 %) ou les Peul (41,7 %). Il n’y a donc ici aucun lien entre tradition éventuellement dominante et groupe ethnique des consommatrices, contrairement à ce que nous avions observé dans les Delta intérieur. Le caractère marginal du peuplement dogon de Ka In Ouro explique peut-être cette situation.
– Diékan est un village très traditionnel, habité par des Boron.
Les trois concessions analysées (C1 à C3) appartiennent à un village qui ne produit plus de céramiques. La totalité des céramiques est donc aujourd’hui achetée ou échangée à l’extérieur, notamment sur les marchés de la plaine du Séno.
Les traditions céramiques représentées sont au nombre de cinq : tradition dogon C (Dafi), tradition dogon C (Jèmè yélin), tradition dogon A, tradition bwa et tradition boron. Les céramiques dites boron pose un certain problème car nous ne disposons d’aucun point de comparaison pour évaluer cette tradition.
Comme c’est toujours le cas, l’économie à marchés périphériques ne limite en aucune façon les flux économiques qui peuvent s’établir entre sphères d’endogamie distinctes pouvant caractériser les groupes ethniques. Les Boron de Diékan achètent ainsi la majorité de leurs céramiques auprès des potières dafi alors qu’ils ne se marient pas avec les Dafi et, à plus forte raison, avec les familles de forgerons des Dafi.
Des données sur l’utilisation des poteries et leur âge ont également été récoltées.
Traditions céramiques représentées. Lieux de fabrication des poteries. Lieux d’acquisition des poteries. Modalités d’utilisation des poteries. Âges des poteries
Niongono : concession 1
*Architecture de la concession. Traditions céramiques représentées. Lieux de fabrication des poteries. Lieux d’acquisition des poteries. Modalités d’utilisation des poteries. Âge des poteries
Niongono : concession 2
*Traditions céramiques représentées. Lieux de fabrication et d’acquisition des poteries. Modalités d’utilisation des poteries
Traditions céramiques représentées
*Familles dogon. Familles parlant mossi. Familles peul
Origine des poteries
Lieux de fabrication/ d’acquisition / des poteries
*Origine des poteries dans les concessions dogon. Origine des poteries dans les concessions fulsé/mossi. Origine des poteries dans les concessions peul. Origine des poteries : synthèse
Modalités d’utilisation
Âges des poteries
Traditions céramiques représentées
Lieux de fabrication et d’acquisition des poteries
Modalités d’utilisation
*Typométrie fonctionnelle. Structure typométrique générale. Typométrie des classes fonctionnelles
Âges des poteries
Traditions céramiques représentées
Modalités d’utilisation
Âges des poteries
Le concept de tradition permet, selon nous, d’opérer la médiation entre les cultures matérielles, en l’occurrence la céramique, et la structuration synchronique des peuplements humains passant par l’identification d’unités sociales et politiques reconnues par les occupants des régions étudiées.
Par leur cohérence, par l’absence de contradictions qui auraient pu apparaître lorsque nous avons été en mesure de croiser nos informations, l‘ensemble des données recueillies montre que les informations fournies par nos interlocutrices sont fiables.
Le premier point acquis est la présence en Pays dogon de plusieurs traditions céramiques distinctes où s’opposent des traditions aux mains de femmes de paysans et des traditions aux mains de femmes de forgerons.
Les différents parlers du pays dogon peuvent être considérés comme des langues à part entière et non de simples dialectes, puisque l’intercompréhension est souvent faible ou nulle.
Les concordances entre traditions et langeus sont bonnes au niveau des parlers dominants. Il est possible d’établir certaines relations entre les traditions et un/plusieurs parlers distincts.
D’une façon générale, nous repérons des mécanismes distincts assurant l’individualisation et la diffusion des traditions céramiques dans l’espace au sein de ces classes sociales largement endogames. La logique de la recherche des terroirs agricoles explique la diffusion d’une céramique d’agriculteurs. Les besoins en instruments aratoires et en armes, donc en artisans du fer, sont à la base de l’installation des clans de forgerons dans les divers villages.
Cette relation endogamie-tradition pourrait reposer sur un mécanisme élémentaire, celui de la transmission des savoirs qui est, de manière quasi universelle, ou du moins dans ces sociétés traditionnelles, intra-familiale (avant ou après mariage), ce qui expliquerait que, quelles que soient les formes de mariages, les traditions sont toujours inscrites spatialement et visibles.
Les modalités de transmission des savoirs techniques conditionnent à la fois la stabilité de la tradition au cours du temps et son insertion territoriale.
La céramique repose d’abord sur des choix communs à toutes les traditions, montage sans l’aide du tour, pose de colombins n’intervenant que dans une seconde phase du façonnage, cuisson en plein air au contact du combustible. Les formes de la céramique étant d’une grande monotonie, la tradition est définie sur le plan technique avant tout par les choix opérés au niveau du façonnage de l’ébauche et de la préforme. Ces choix impliquent des supports caractéristiques, qu’ils soient statiques ou mobiles, ainsi que certains types d’instruments.
La diffusion de la céramique s’intègre avant tout dans une économie marchande au sein de laquelle les transactions s’effectuent, sans intermédiaires, directement de productrice à consommateur.
Au niveau des concessions la concordance entre ethnie des occupants et traditions n’existe pas, contrairement à la situation observée dans le Delta, notamment dans les zones marginales du peuplement où les Dogon sont en relation avec des marchés diffusant des céramiques étrangères.
Sur le plan fonctionnel, il est possible d’établir une bonne typologie fonctionnelle de la céramique en mobilisant trois mesures principales : la hauteur, le diamètre maximum et le diamètre de l’ouverture. Le rapport diamètre maximum / diamètre de l’ouverture donne une meilleure ségrégation que le rapport diamètre maximum /hauteur.
Les âges des poteries n’ont été étudiées systématiquement que dans les trois villages de Ka In Ouro, Niongono et Diékan. Ces données ne sont pas suffisantes pour aborder la question de l’influence des techniques de montage sur les âges des poteries.
Les décors des céramiques permettent de compléter dans certains cas l’identification des traditions.
Au plan historique
Les traditions céramiques des agriculteurs permettent de tracer l’histoire des peuplements. La situation observée pour les traditions des femmes de forgerons nécessite une analyse plus approfondie.
Des traditions céramiques distinctes
Traditions et langues
Modalités de production : logique du mil et logique du fer
Modalités de production : potières et sphères d’endogamie
Modalités de production : la transmission des savoirs
Modalités de fabrication : chaînes opératoire
Modalités de diffusion : une économie marchande
Modalités d’utilisation : des achats préférentiels
Modalités d’utilisation : typologies fonctionnelles
Modalités d’utilisation : taux de renouvellement des poteries
Traditions et esthétique
Traditions et dynamiques historiques
Conclusions
Catalogue des gestes Agnès Gelbert
Gestes, étapes, opérations
Code descriptif des chaînes opératoires de montage