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Aux sources d’un destin familial
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Les habitats protohistoriques africains, tant dans le Delta intérieur du Niger que dans les zones périphériques, présentent souvent des structures en grappe présentant des concentrations de buttes de dimensions diverses. Deux questions se posent aux archéologues à leur propos.
La première concerne la relation entre ces configurations et la mosaïque du peuplement car plusieurs groupes d’origines distinctes peuvent choisir de vivre dans un espace commun.
La seconde concerne leur signification par rapport à l’histoire économique et politique des sociétés dont il est nécessaire d’approfondir la structure dans une perspective évolutionniste.
J’ai accordé dans cette perspective une attention particulière au travail d’Augustin Holl Archaeology of Mound-Clusters in West Africa malgré les nombreuses lacunes présentées par cette monographie car ces fouilles se trouvent au cœur de la question de la hiérarchisation des sociétés ouest-africaines protohistoriques. Ces prospections, situées dans une zone « marginale » par rapport aux régions de développement dites étatiques, constituent en effet un précieux jalon pour une question qui a essentiellement été abordée à travers les sites du Delta intérieur du Niger.
J’ai donc intégré à ces questions les réflexions développées par Roderick et Susan Macintosh (1980) sur la base de leurs fouilles sur le site de Djenné-Djéno et leurs prospections sur les buttes d’habitat des environs de cette ville ainsi que dans la zone du Delta intérieur du Niger. Roderick Macintosh (1988, 2005) propose en effet un modèle de développement des sociétés du Delta intérieur du Niger dit pulse modele qui permet de préciser ces questions. Ce modèle de proto-urbanisation associant des communautés aux spécialisations techno-économiques variées et occupant des sites topographiquement distincts proches, mais non hiérarchisés sur le plan socio-politique est l’un des fondements de sa notion d’hétérarchie (McInstosh 2005).
La monographie d’Augustin Holl, alors à l’Université de Californie de San Diego, est le résultat de trois campagnes de terrain conduites en 1997, 1999 et 2000 en collaboration avec les Universités de Ouagadougou et Paris X-Nanterre. Les recherches se sont concentrées sur une série de buttes d’habitat protohistoriques dans la partie amont de la rivière Mouhoun (ancienne Volta noire) au Burkina Faso, en aval de sa jonction avec le Sourou irriguant, au Mali, la partie méridionale de la plaine de Gondo ou plaine du Séno.
La région, centrée sur un large méandre du Mouhoun, se trouve aujourd’hui en limite des zones de peuplement marka ou dafi, de parler mandé, qui se développent au Nord, et des zones de peuplement bwa situé à l’Ouest. Ce territoire est également occupé par des pasteurs peul. La limite occidentale du peuplement samo se trouve par contre plus à l’est, approximativement au niveau de la longitude 3° 30’ (Brasseur, Le Moal 1963).
Plusieurs sites ont été prospectés dans une zone de 38 km N-S sur 40 km E-W. Ces derniers présentent souvent des associations de plusieurs buttes peu élevées ne dépassant pas, pour la plupart, 4 m de hauteur, et proches les unes des autres. Des distances de 3 à 5 km séparent généralement ces sites, laissant ainsi un espace suffisant pour l’aménagement de terroirs agricoles.
Les fouilles ont porté principalement sur trois buttes ou systèmes de buttes peu élevées.
Le complexe de Diekono (12° 37’ 09’’ N / 3° 21’ 39’’ W) est situé à 100-150 m de la rivière et comprend quatre buttes distinctes disposées parallèlement à la rive. Trois emplacements sur l’une des buttes ont fait l’objet de fouilles.
Tora Sira Tomo (12° 35’ 07’’ N / 3° 22’ 07’’ W) est le plus grand complexe de buttes de la zone explorée. Il comprend une butte principale (TST3) et 15 petites buttes situées au sud du plus gros site. Tout à l’ouest se trouve une carrière de latérite (TST2). TST1 a livré un four de réduction du fer associé à de nombreuses céramiques disposées sur un sol contemporain. Toutes les buttes ont fait l’objet de sondages.
Kerebe Sira Tomo (12° 36’ 30’ N/ 3° 20’ 20’’ W) est une vaste butte composée de 11 buttes plus ou moins distinctes dont au moins cinq sont agglomérées (KST 1, 3, 4, 5 et 6). La publication laisse supposer que les autres buttes se trouvent, dissociées, à proximité. A l’écart, KST2 se trouve une carrière de latérite.
Résumons tout d’abord les principales données de ce corpus. Selon l’auteur, la disposition des sites révèle l’existence de communautés villageoises autonomes et autosubsistantes, hypothèse que devraient tester les recherches entreprises. Ce type de problématique se situe donc au cœur des débats lancés par R. McInstosh à partir de ses recherches sur les sites de la région de Djenné dans le delta intérieur du Niger.
La stratégie de fouille adoptée comporte des sondages portant sur un maximum de buttes visant notamment à établir une chronologie fine des occupations et à mettre en évidence les éventuelles spécialisations de certains établissements. Elle répond parfaitement à cet enjeu malgré les limites que nous découvrons à ce type d’opération.
61 dates Carbone 14 ont été obtenues sur les sites fouillés, dates qui permettent à l’auteur de proposer des fourchettes chronologiques pour les principales phases d’occupation des buttes. La plupart d’entre elles se situent dans la première moitié du second millénaire AD, entre 1000 et 1500 AD. De nombreux problèmes se posent néanmoins concernant la manière dont a été construite cette chronologie. Les phases chronologiques ainsi que les fourchettes de temps proposées par l’auteur restent peu crédibles. Nous ne pouvons donc retenir de la chronologie de l’auteur que l’insertion globale des sites explorés dans la première moitié de second millénaire AD, ce qui affaiblit considérablement le modèle d’évolution villageoise avancé par l’auteur.
Les fouilles ont été suffisamment étendues pour révéler une série de structures particulièrement intéressantes. Les unités d’habitation correspondent toutes à des huttes circulaires.
Une architecture de huttes circulaires. (Holl 2014, fig. 6.36).
Sur le plan économique les communautés combinent un élevage mixte de caprinés-bovidés avec une importante contribution de la pêche. L’agriculture du millet (Pennisetum glaucum), du sorgho (Sotghum sp.), du fonio (Digitatia iburea), du dolique (Vigna unguiculata) et du pois de terre (Voandzenia subterranea) se combine avec une arboriculture, consacrée notamment au karité (Butyrospermum parkii).
Signalons dans l’occupation 2 de Kerebe Sira Tomo 4, la découverte d’un emplacement de rangement présentant 9 grandes poteries, dont trois étaient encore remplies de fèves de dolique et de pois de terre et 5 de fonio. Cette découverte est importante car elle démontre que des poteries pouvaient à l’époque être utilisées pour le stockage du grain, ce qui est très exceptionnel dans les villages actuels. Cette découverte pose la question de l’identification de possibles de greniers à céréales utilisés pour le stockage des céréales avant battage et décorticage ; de telles constructions sont apparemment inexistantes, ce qui est curieux (Mayor 1989).
La céramique de l’ensemble des sites paraît extrêmement homogène. Le décor combine des impressions à la cordelette roulée et des motifs géométriques incisés. Aucune tentative de sériation n’est proposée et nous pensons à première vue qu’une approche de ce genre ne se justifie effectivement pas dans le cas présent vu le mauvais calage chronologique des occupations. Rappelons que le décor d’impression à la cordelette roulée a une durée de vie très importante et constitue un très mauvais marqueur chronologique (Mayor 2011 ; Mayor et al. 2014 ; Ozainne et al. 2014). Ce matériel diffère d’autre part totalement des traditions céramiques bwa et marka-dafi présentes actuellement dans la région, traditions qui présentent une véritable rupture par rapport à la situation protohistorique (Gallay et al. 2012).
Mentionnons la présence de coupes à pied. L’abri de Dagandouloun sur le plateau dogon est probablement le site à avoir fourni l’ensemble clos le plus complet associé à ce type de poterie emblématique ; il est daté ici entre la VIIe et le XIIe siècle AD (Mayor 2003, 2011). Une réévaluation récente de la chronologie locale à partir de sites sépulcraux sous abri fournit une fourchette chronologique un peu plus large, soit 600-1450 AD, pour ce type de poterie à usage essentiellement rituel, ce qui est en accord avec les présentes données (Mayor et al.2014).
Le corpus céramique proposé constitue une référence importante pour l’histoire de la région. Formes et décors sont originaux, mais nous y découvrons une ambiance qui correspond globalement aux traditions qui ont précédé les traditions actuelles et qu’une rupture historique située aux environs du XVe siècle AD ont fait disparaître. L’arrivée de groupes mandé est une explication localement recevable. Rappelons que c’est également à cette époque que la pression mossi en direction du nord de Burkina Faso s’accentue avec la création de la province du Yatenga.
Plusieurs fours de réduction du fer et des foyers de forge ont été dégagés. Toutes les installations métallurgiques de réduction du minerai sont situées en périphérie et à l’écart des buttes d’habitation. Les fours semblent tous être conçus sur le même modèle. Ils se distinguent par une série de tuyères disposées verticalement, soit au centre de la cuve, soit à la périphérie, soit enfin dans des dispositifs associant les deux dispositions. Les fours à tuyères verticales des sites étudiés par Holl dans le bassin du Mouhoun correspondent à la tradition sidérurgique KBS2 définie par Serneels et al.2011 au Burkina Faso ; ils se situent donc entre le XIe et le XIIe siècle, ce qui coïncide parfaitement avec les datations des sites de la région.
Plusieurs sites ont livré des sépultures individuelles en position fléchie sur le côté qui paraissent intégrées aux structures d’habitat. Seul TST9, utilisé à la fin de l’occupation du site, pourrait correspondre à un vrai cimetière avec six sépultures et un emplacement regroupant plusieurs poteries. Enfin les relevés de terrain ne présentent pas une précision taphonomique suffisante pour évaluer le statut de quelques dépôts d’ossements humains ne correspondant pas au standard habituel et qui pourraient révéler soit à des processus de réduction, soit à des sépultures secondaires.
Selon Augustin Holl l’occupation agricole qui se met en place se concentre d’abord en bordure de la rivière et la présence de petits villages reste la norme pendant plusieurs siècles. L’évolution de l’habitat se marque pendant les premiers siècles du second millénaire à travers l’apparition de buttes d’habitat satellites. Les communautés restent néanmoins des communautés d’autosubsistance autonomes non hiérarchisées. Ces communautés s’effondrent au milieu du second millénaire, aux environs de 1600 AD, une rupture qui correspond à l’arrivée depuis le bassin du Niger, de populations du groupe linguistique mandé à l’origine des populations marka actuelles.
La question de l’interprétation des établissements comprenant des buttes associées et disposées en grappe se trouve au cœur des discussions initiées à propos du processus d’urbanisation. On connaît les travaux de R. McIntosh sur cette question à la suite de ses fouilles et prospections dans la région de Jenné. Selon ce dernier ces dispositions en grappe révéleraient la présence d’associations de spécialistes (agriculteurs, pêcheurs, forgerons, etc.) occupant des emplacements distincts dans une structure horizontale non hiérarchisée où la coopération assurerait la cohésion de la société selon un modèle qualifié d’hétérarchique (McIntosh 2005). Ce modèle inspire très clairement la démarche d’Augustin Holl sans que ce dernier soit très explicite à ce propos. Voyons ce qu’il en est à la fois sur le plan de la théorie et de la pratique archéologique.
J’avance de mon côté que le dynamisme des sociétés (et non des cultures) peut s’analyser dans une perspective cladistique. J’ai tenté d’approfondir cette voie à propos des dynamiques structurelles des sociétés ouest-africaines (Gallay 2011a, 2013) (fig, 1).. Ce travail a deux conséquences pour le présent propos.
Nous manquons actuellement de données factuelles concernant l’articulation des deux domaines, mais nous pouvons remarquer que le modèle proposé par McInstosh confond les deux aspects, socio-politique et techno-économique, ce qui l’amène à proposer un tableau quelque peu idyllique des sociétés ouest-africaines. Une réflexion doit donc se développer à l’avenir à ce propos, fondée sur des observations de type ethno-historique. On aurait donc les deux équivalences suivantes, consubstantielles des sociétés ouest-africaines protohistoriques.
Le premier modèle articule des spécialisations technoéconomiques propres à diverses populations et peut se comprendre dans la perspective d’un modèle hétérarchique :
Le second modèle relève des compétitions entre population qui ont souvent généré des conflits violent et des guerres.
Les conflits engendrés par ces deux types de contraintes représentent, selon nous, le mécanisme fondamental situé à l’origine du développement structurel des sociétés sahéliennes et, au-delà, de l’histoire propre à chacune d’elles. Négliger cette double contrainte c’est produire une image déformée et tronquée du Passé, comme le propose McIntosh.
Cette question ne peut être résolue qu’en reprenant les bases sur lesquelles les visions. théoriques ont été élaborées. Elle concerne aussi bien l’archéologie que l’ethnologie et l’ethnohistoire.
Le modèle hétérarchique de McIntosh est essentiellement basé sur les fouilles du site de Djenné-Djéno qui a livré une séquence de référence pour la protohistoire du Delta intérieur et sur les observations des sites des environs de Djenné. La nature des occupations des buttes telles que présentées dans le livre de 1988 The peoples of the Middle Nigeret les dates d’abandon des buttes sont fondées sur des prospections de surface qui permettent de calculer un indice de complexité (McIntosh 1980). Les items comptabilisés concernent les fondations de maisons (formes) et la nature des parois (types de briques), les vestiges funéraires, les traces d’activités métallurgiques, la nature des occupations (poids de filets, fusaïoles, poids de métiers à tisser, meules, pierres de fusils, cauries), les objets personnels (statuettes, fourneaux de pipes, perles ou bracelets) et divers (murailles défensives, outils pour la céramique, dalles de grès), divers) (fig. 2 et 3).
Le schéma proposé met en évidence des concentrations de buttes d’habitats ordonnées autour de l’actuelle ville de Djenné.
Fig. 2. Les buttes d’habitats aux environs de Djenné. Complété d’après SK et RJ McInstosh 1980, carte 4.1, p.64.
Fig. 3. Relations entre habitats aux environs De Djenné. Modifié d’après McIntosh 1988, fig. 8.3, p. 208
Par ailleurs McIntosh propose dans Ancient Middle Niger : urbanization and the self-organizing landscape (2005) un modèle évolutif de cette situation d’hétérarchie en quatre phases qui peut se comprendre dans une perspective cladistique et qui est qualifié de pulse modele, terme qui peut se traduire par modèle évolutif par impulsions successives. Les diverses phases retenues ne sont pas totalement théoriques puisqu’un certain calage chronologique est proposé par rapport à des données archéologiques.
Le caractère relativement abrupt des changements est souligné par l’auteur qui compare ces transitions au changement d’état de l’eau en glace, ce qui en accord avec une vision cladistique (p. 103).
La première phase se développe en dehors du bassin du Niger qui est alors inhabitable car inondé. Il est fondé sur les données sahariennes de l’Azawad au nord de Tombouctou, mais également sur celles du Néma au nord-est du Delta. Elle réunit déjà une certaine complémentarité entre agriculteurs cultivant le mil, pêcheurs et éleveurs de caprinés qui peuvent occuper successivement (ou de façon synchrone ?) les mêmes habitats temporaires. Chaque population entre en scène au cours des trois ou quatre changements saisonniers en fonction des ressources du milieu (fig. 4).
Fig. 4. Pulse modele, phase 1. Modifié d’après McIntosh 2005, fig. 3.1, p. 103.
Deux changements radicaux illustrent cette phase : l’augmentation de la population et l’apparition de spécialistes. Les cultivateurs de mil se sédentarisent dans des camps permanents alors que quatre populations mobiles se partagent l’exploitation du territoire : les cultivateurs de sorgho, les riziculteurs, les pêcheurs, les éleveurs de caprinés et les pasteurs de bovidés. L’apparition de la riziculture montre que ces populations occupent désormais le Delta.
Les pasteurs de bovidés peuvent nouer des alliances saisonnières avec les éleveurs de caprinés comme les cowboys du Far West pouvaient collaborer avec les indiens (sic).
L’apparition de spécialistes concerne la production la poterie, qui, il faut les souligner, existe depuis longtemps dans un cadre domestique (fig.5).
Fig. 5. Pulse modele, phase 2. Modifié d’après McIntosh 2005, fig. 3.2, p. 104.
La phase 3 voit la consolidation de la vie villageoise. Les populations de pêcheurs conservent leur mobilité. Les cultivateurs de sorgo et de millet, les pasteurs de bovidés et les éleveurs de caprinés vivent désormais dans les mêmes villages, ce qui entraîne des formes atténuées de mobilités, notamment pour les pasteurs de bovidés qui confient à aux plus jeunes le contrôle des transhumances saisonnières. Trois classes d’artisans se sédentarisent dans ces agglomérations : les cordonniers, les potiers/potières et les tisserands (fig. 6).
Fig. 6. Pulse modele, phase 3. Modifié d’après McIntosh 2005, fig. 3.3, p. 106.
La phase 4 correspond à une phase de proto-urbanisation. J’ai modifié ici le schéma de McIntosh (2005, fig. 3,4) pour tenir compte des données topographiques observées dans la région de Djenné.
L’embryon de ville occupe une position centrale alors que se développe à sa périphérie des habitats satellites. Les agriculteurs de sorgho, les pasteurs de bovidés et les pêcheurs conservent une mobilité saisonnière à longue distance alors que les autres groupes sociaux vivent essentiellement sur les ressources du terroir proche. Les spécialistes, forgerons, tisserands, cordonniers et potières occupent également les sites périphériques, ce qui me permet de supposer que la ville est désormais placée sous la responsabilité des pouvoirs politiques et religieux (fig. 7).
Fig. 7. Pulse modele, phase 4. L’agglomération proto-urbaine est entourée de sites satellites vivant en partie des ressources du terroir poche. Modifié d’après McIntosh 2005, fig. 3.4, p. 107.
La situation décrite par Holl pourrait correspondre à la phase 3, dite villageoise.
Le modèle hétérarchique de McIntosh trouve un certain écho dans la structure actuelle du peuplement du Delta intérieur du Niger. Rappelons que les relations liant les diverses populations occupant cette zone riche de potentialités économiques ont été planifiées et fixées dans la loi par Sékou Amadou lors de la Dina peul au XIXe siècle (Sanankoua Diarah 1982 ; Sanankoua 1990). En fait cette organisation n’a fait qu’expliciter des règles traditionnelles immémoriales.
On peut s’inspirer, entre autres, des travaux de Fay (1995, 1997) pour modéliser la nature de ces relations.
La présence de groupements de populations pouvant être qualifiés d’ethnies est aujourd’hui fortement contestée pour ce qui concerne l’Afrique. On ne reviendra pas ici sur ce sujet que nous avons succinctement abordé dans un précédent article (Gallay 1992). Rappelons simplement que les critiques formulées en son temps, notamment par Amselle (1985) et Bazin (1985), portaient essentiellement sur trois points :
– Le concept d’ethnie tend à figer la réalité sociale et à négliger les processus historiques et la malléabilité des appartenances sociales.
– Les réseaux de relations liant les communautés entre elles au sein des États sont plus importants pour comprendre le fonctionnement des sociétés.
– Les dénominations ethniques utilisées appartiennent à des cadres classificatoires imposés de l’extérieur par le voyageur européen, l’administrateur colonial ou l’ethnologue; elles rendent avant tout compte des propres subjectivités de ces derniers.
Ces mêmes auteurs nuancent néanmoins aujourd’hui leurs positions en insistant notamment sur l’importance des facteurs historiques et des mécanismes de recompositions :
« Il s’agit moins de savoir si les classifications ethniques étaient purement arbitraires et si les catégories sociales en général relevaient d’un pur constructivisme. A notre sens, il s’agit moins de savoir si l’ethnie existe ou n’existe pas que d’observer les conditions de son émergence, de son épanouissement et de sa disparition. » (Amselle 1997 : 9)
Ma position quant à cette question tient en trois points :
Trois phénomènes caractérisent l’organisation socio-économique des sociétés sahéliennes : la présence d’une stratification sociale interne, la multiplicité des ethnies se partageant le même territoire et un certain degré de recouvrement entre spécialisations techno-économiques et partitions sociales.
Les sociétés sont stratifiées en unités à tendance endogame comprenant les agriculteurs nobles, un nombre variable de classes artisanales ou « castes » (forgerons, tisserands, ouvriers du bois, bijoutiers, griots, etc.) et les anciens esclaves. De multiples subdivisions internes peuvent exister, variables selon les ethnies. La poterie est généralement fabriquée par des femmes de castes (forgerons ou tisserands notamment), mais peuvent, dans certain cas, notamment dans les groupes marginaux (par rapport aux développements urbains du Delta) comme chez certains Dogon, être fabriquées par toutes les femmes, ou même tous les hommes.
Plusieurs groupes ethniques peuvent se partager un même territoire en fonction de leurs spécialisations économiques. A l’opposition agriculteurs-éleveurs du Pays dogon et des marges deltaïques s’ajoute l’opposition agriculteur-pêcheurs-éleveurs des zones deltaïques.
Il existe de larges superpositions entre groupements ethniques, partitions sociales, spécialisations techniques, spécialisations économiques au sein d’une structure dans laquelle l’organisation techno-économique de la société semble jouer un rôle déterminant.
L’archéologue Roderick McIntosh a largement développé dans ses travaux cette question en mettant en avant le concept d’hétéarchie soulignant les liens organiques de coopération techniques et économiques soudant harmonieusement les divers groupes humains (McIntosh 1993, 1998, 2005). Cette vue intéressante fait néanmoins quelque peu l’impasse sur le caractère stratifié des sociétés ouest-africaines précoloniales et les conflits fréquents générés par ce type de structure (Gallay 2001a ; Gallay 2011a, 2013).
Le modèle présenté est applicable à l’ensemble des populations de la Boucle du Niger. Il est basé sur nos enquêtes de terrain ainsi que sur les travaux de Fay de l’ORSTOM (Fay 1995, 1997) dans le Delta intérieur et de Bouju (1995) de l’Université d’Aix-en-Provence chez les Dogon (Fig. 8). Il est possible de distinguer plusieurs niveaux de définition de l’ethnie et/ou de la caste, qui délimite des sphères démographiquement de plus en plus restreintes jusqu’au noyau central le plus dur, que l’on peut considérer comme le « coeur de l’ethnie ». La structure dégagée permet d’opposer des assignations ethniques (spécialisations économiques, maîtrises, habitus, langues, patronymes fondés sur l’ascendance) et des territoires politiques définissant des sphères d’activités. Les sphères matrimoniales s’intègrent aux deux systèmes et assurent ainsi l’articulation spatiale, temporelle et fonctionnelle de ces derniers. Le modèle se présente comme un ensemble évoluant constamment dans le temps. Alors que les travaux anciens insistent constamment sur la perte des unités anciennes et les hétérogénéités actuelles, nous devons appréhender l’ethnie en tant que processus continu de formation générant une homogénéité projetée dans le futur (Leroi-Gourhan 1945).
Fig. 8. Modèle des composantes d’une analyse socio-économique d’une population de la boucle du Niger et relations entre assignations ethniques et assignations territoriales.
L’analyse socio-économque de ce modèle hétérarchique repose donc sur la reconnaissance de plusieurs caractéristiques essentielles opposant assignations ethniques et assignations territoriales qu’il convient d’examiner en détail.
Spécialisation technique et/ou économique
L’ethnie est d’abord définie par le travail, et notamment par ses activités productrices (activités, savoirs techniques, savoirs rituels). En ce sens, la classe artisanale ou la caste peut être considérée comme un équivalent de l’ethnie. Les ethnies, et les castes, sont, en principe, et largement en pratique, endogames. Les enfants résultants de mésalliances sont jugés comme les « enfants de l’âne et du cheval », une position qui n’est pas sans relation avec le succès du terme « race » utilisé en Afrique de l’Ouest pour désigner l’ethnie. La pluriactivité apparaît ainsi dans le discours comme une hybridation de l’ethnie qui ne devrait se reproduire qu’en elle-même. Les conduites ethniquement aberrantes sont interprétées, voir revendiquées, comme le signe d’une impureté génétique. Cette situation montre à quel point il est nécessaire de se dégager des discours idéologiques, locaux ou européens, pour atteindre une réalité factuelle plus solide.
De l’avis de plusieurs anthropologues il n’y a pas lieu de rejeter le terme de « caste » pour désigner certaines catégories socio-professionnelles de l’Afrique de l’Ouest (Diop 1981 ; Tamari 1991, 1997 ; Béridogo 2007 ; Testart, communication personnelle). Récemment Tamari (2012), reprenant la question au niveau de l’ensemble de l’Afrique, préfère néanmoins le terme plus descriptif et neutre de « groupes de spécialistes endogames ».
Le système des castes constitue donc un cas particulier du système des classes. L’organisation de l’artisanat dans la structure sociale et politique de la société renvoie aux nombreuses discussions concernant les castes en Afrique. Il est possible de suivre ici le bilan proposé par Tal Tamari (2012), qui peut être considérée comme une des meilleures spécialistes de cette question.
La société peut présenter ou non un artisanat spécialisé en relation avec un système de castes. En Afrique de l’Ouest, la caste peut être définie comme une communauté endogame en relation avec un artisanat spécialisé (forge, tissage, poterie, travail du cuir ou du bois, etc.) (Gallay 2011a, Gallay 2012). Selon Tal Tamari ce type d’organisation sociale est apparu en contexte étatique. Il n’est pas systématiquement présent en Afrique (fig. 9).
Fig. 9. Spécialisation artisanale dans une perspective dynamique. La spécialisation relevant de groupes endogames, apparus selon Tal Tamari dans le cadre des sociétés étatiques et royales (1), peut évoluer dans trois directions : émigration de groupes d’artisans au-delà de la zone contrôlée par la formation étatique ou royale (2), incorporation de populations locales soumises dans le système des castes (3), Persistance de groupes d’artisans endogames après disparition de la formation étatique ou royale (4).
Maîtrise (relation au milieu)
Les grandes ethnies sont désignées par secteurs (herbe, eau, terre) et par sous-secteurs (fleuve, plaine inondable). Les maîtrises sont instituées de façon oppositionnelle et peuvent varier de région à région. La maîtrise est une capacité rituelle résultant d’une relation substantielle établie entre l’ethnie et un milieu naturel particulier. Cette relation se manifeste à travers l’amour porté par l’élément à l’ethnie, à travers le choix d’un élément par l’ethnie. Il s’agit d’applications taxinomiques concrètes nées des contingences d’une histoire qui ne retient que les relations réussies (possibilité de perdre son identité, de ne plus se marier avec son groupe d’origine, mais de se marier avec le groupe d’accueil). Toute nouvelle appropriation lignagère sur une maîtrise relève soit de l’alliance matrimoniale, soit de l’arbitraire du pouvoir.
Habitus
La notion d' »habitus » mêle des caractéristiques culturelles comme l’habillement ou les préférences alimentaires et des types de comportements, ainsi que des particularités physiques telle que le teint plus ou moins foncé, d’où le succès du terme ambigu de « race » hérité des préjugés coloniaux du XIXe s. L’habitus est pris ici comme équivalent des composantes stylistiques d’une société, les critères d’ordre biologique étant considérés comme peu caractéristiques et de ce fait, écartés.
Langue
Il est possible d’établir, en première approximation, une certaine équivalence entre langue et ethnie. Nous savons néanmoins que cette concordance est loin d’être complète. Des fractions entières de groupes ethniques peuvent être amenées à changer de langue ou, inversement, à revendiquer une autre appartenance ethnique tout en conservant leur langue originelle. La pratique quasi systématique du bilinguisme, ou même du multilinguisme, probablement surestimée, contribue encore à obscurcir la réalité, car il n’est pas toujours facile d’identifier quelle est la langue la plus usuelle et/ou celle qui peut être considérée comme originelle (ce qui n’est pas obligatoirement la même chose).
Ascendance généalogique
L’ascendance généalogique, généralement patrilinéaire, faisant intervenir une certaine profondeur historique au-delà de laquelle les événements réels sont relayés par des mythes d’origine. Cette histoire permet souvent de délimiter des sphères d’endogamie. Elle est aussi à la base de la définition de certaines maîtrises sanctionnant des liens surnaturels liant les premiers occupants d’une région aux niches écologiques exploitées sur le plan économique. Les désignations fondées sur les liens généalogiques recoupent les désignations socio-professionnelles fondant la hiérarchisation de la société.
Le terme de patronyme est utilisé pour désigner l’ensemble des personnes se réclamant d’un même nom de famille, étant entendu que l’ensemble ainsi défini ne regroupe pas obligatoirement des personnes réellement apparentées. La notion de patronyme correspond à une réalité exprimée sur le terrain, entre autres par le terme de diamou dans la langue bambara. En règle générale, chaque groupe ethnique possède une série de patronymes propres. Cependant, il peut arriver qu’un même nom patronymique se rencontre dans diverses ethnies et désigne des gens de conditions parfois très différentes. Les esclaves perdent d’office leur patronyme au profit de celui de leur maître. S’ils sont affranchis, ils peuvent adopter un autre patronyme, choisi parmi les plus répandus. Les forgerons adoptent également fréquemment les patronymes de leurs maîtres. Telle caste peut ainsi englober des lignages d’origines distinctes, des lignages se référant à un ou plusieurs ancêtres inconnus, ou des lignages ayant changé de nom au cours de leur histoire.
La transmission des appartenances claniques (patronymes) et des appartenances de caste suit la filiation patrilinéaire. Le passage d’un clan ou d’une affiliation de caste à une autre affiliation relève de mécanismes particuliers qui ont été abordées ailleurs (Gallay 2000).
Au sein d’un même clan, nous trouvons plusieurs lignages de même patronyme descendant en lignée patrilinéaire d’un même ancêtre réel. Le chef d’un lignage ou d’un segment de lignage est toujours l’aîné de sa communauté. La transmission de la chefferie suit en effet la règle de séniorité. Le successeur d’un chef décédé est l’homme vivant le plus âgé du lignage ; il peut donc être un fils, un frère ou eu neveu. Le chef de lignage est responsable du culte des ancêtres, de l’exécution des rites lignagers, de la conservation de l’histoire familiale et de l’attribution des terres du lignage aux familles. Ce niveau hiérarchique se réfère donc généralement à un ancêtre connu, relié à la génération actuelle par des généalogies plus ou moins bien connues englobant un nombre variable de générations (fig. 10).
Fig. 10. Transmission de la chefferie par ordre de séniorité. Modèle général.
Un certain nombre de règles fixent les conditions de collaboration et de coexistence entre les unités précédentes ; ces dernières constituent les fondements de la structure spatiale du peuplement.
Sphère d’endogamie
Comme c’est souvent le cas dans les sociétés traditionnelles, les rapports de parenté peuvent fonctionner de l’intérieur comme des rapports sociaux de production (Godelier1989). Les sphères d’endogamie forment donc la base du peuplement et assurent l’articulation entre le social et le territorial.
Ce niveau est le plus facile à cerner car il est objectivement atteignable pour peu que l’on recueille des données statistiques suffisantes sur les intermariages réels.
Sphères d’activité
L’ensemble des données précédentes se concrétise dans un partage des spécialisations techno-économiques et des zones d’activités et s’inscrit dans la résolution d’une situation de rivalité généralisée qui semble très éloignée des principes de l’hétérarchie. La sphère d’activité sera définie ici par rapport aux activités productrices alimentaires des populations, soit par rapport aux terroirs occupés, sinon exploités. Ce concept a également une connotation linguistique (présence d’un ou de plusieurs parlers particuliers) et politique. Il laisse par contre de côté la question des groupes d’artisans socialement liés aux agriculteurs, éleveurs et pêcheurs.
Dans cette optique, qui précise et modifie quelque peu le modèle présenté par Fay. Le terroir (équivalent à la sphère d’activité) correspond à une zone géographique définie sur la base d’une occupation par un ou plusieurs groupes sociaux particuliers. Cette zone géographique n’est donc pas homogène. Elle peut présenter plusieurs écosystèmes (prairies, terres cultivées, cours d’eau etc.) exploités par des groupes distincts, agriculteurs, éleveurs, pêcheurs. Elle peut réunir également des groupes sociaux différents, paysans nobles, artisans castés ou esclaves, qui participent tous aux activités productrices.
Le modèle d’ethnicité retenu est un ensemble évoluant constamment dans le temps. Alors que les travaux anciens insistent le plus souvent sur l’ancienne unité, perdue, et l’hétérogénéité actuelle, nous devons appréhender l’ethnie comme un processus continu de formation générant une homogénéité projetée dans le futur. Plusieurs mécanismes permettent de comprendre ce phénomène.
Qu’en est-il maintenant du corpus présenté par Holl, compte tenu du fait que les données chronologiques ne permettent pas réellement de proposer un scénario fin du développement des buttes d’habitat et de leurs satellites ?
Retenons tout d’abord qu’il n’existe aucun signe de hiérarchisation entre les villages et que l’auteur a raison de parler de communautés d’autosubsistance relativement autonomes tout en restant très en retrait face à des explications plus sophistiquées.
La présence de la fonte du fer à proximité des villages et proche des sources de minerai (les fouilles ne permettent pas d’évaluer l’ampleur des installations de bas-fourneaux) parlent en faveur d’une production locale de fer qui se trouve, pour des raisons techniques, à l’extérieur des villages. Cette situation ne dit pourtant rien du statut de ces artisans. On sait en effet qu’en Pays dogon la collecte du minerai et la réduction peuvent être aux mains des cultivateurs, maîtres des terres. Par contre le travail de la forge est toujours le fait de forgerons spécialisés, aujourd’hui castés (Robion-Brunner 2010, 2012a et b; Robion-Brunner et al. 2013). Le phénomène des castes, issu du monde Mandé, ne s’applique pourtant pas obligatoirement aux périodes anciennes des régions qui nous concernent ici.
Deux explications concurrentes
Deux explications de la structure des sites explorés, qui peuvent du reste se combiner, sont dès lors possibles en l’état de nos connaissances.
En conclusion la monographie proposée par Augustin Holl révèle un travail correctement fondé sur le plan stratégique et correspondant à une problématique d’actualité. L’auteur présente un corpus de première importance révélant une tradition céramique inconnue et des données essentielles sur l’activité métallurgique. La mobilisation des données présente néanmoins de graves lacunes, notamment dans le traitement des informations chronologiques, ce qui hôte de la pertinence aux interprétations proposées.
La présentation quelque peu bâclée de la topographie des différents sites et des légendes de figures souvent incomplètes ne facilitent pas l’appréhension des particularités des corpus.
Enfin le travail ne tient aucun compte d’un ensemble de travaux, certes récents par rapport à une bibliographie qui ne présente aucun titre postérieur à 2009, et fait systématiquement l’impasse sur les travaux issus des chercheurs gravitant ou ayant gravité autour de l’Université de Genève.
Le travail de Holl, malgré ses imperfections, permet donc de préciser deux paramètres importants de l’évolution des sociétés ouest-africaines : la notion d’hétérarchie et la notion de compétitions et de stratification sociale.
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