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BROOK Timothy 2012. Le chapeau de Vermeer : le XVIIe siècle à l’aube de la mondialisation. Paris : Payot et Rivages (Petite bibliothèque. Payot : histoire)
Complété par le film de Nicolas AUTHEMAN (Émission Arte). Le monde dans un tableau.
En partant d’un détail d’un tableau peint par Jan Vermeer aux Pays-Bas en 1657, ce documentaire déroule un récit passionnant des prémices de la mondialisation.
Explorer les voies d’une analyse des objets représentés dans la peinture de chevalet à travers un exemple concret : la peinture de Vermeer et des maîtres hollandais du XVIIe siècle.
Pour accéder à l’univers de Vermeer il faut passer par ses peintures, soit 36 toiles conservées On peut ajouter à ce corpus une toile de son contemporain Hendrik Van der Burn, originaire de Delft lui-aussi, et une peinture réalisée sur un plat en faïence de Delft, pour les allusions aux forces historiques de plus grande ampleur qui se dissimulent dans leurs détails.
L’analyse des objets représentés dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle permet, au-delà d’une simple histoire de l’art centrée sur l’esthétique, de construire une véritable anthropologie de la société hollandaise pour peu qu’on explore le référentiel qui donne sens à ces faits matériels.
Les objets représentés renvoient à des contrées lointaines où se rendaient commerçants et voyageurs alors que la Chine restait renfermée sur elle-même.
Le monde extérieur pénétrait dans la vie des Européens sous forme d’idées et d’objets.
Les intérieurs domestiques étaient encombrés d’objets qui renvoyaient avec volubilité à un monde bien plus vaste. Ils exprimaient la volonté de comprendre le monde : non pas celui de la Delft de Vermeer, mais des contrées les plus lointaines d’où l’on rapportait des objets extraordinaires et des nouvelles stupéfiantes.
1. Schéma pour analyser les objets représentés dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle. © Gallay.
Les chapeaux en feutre de peau de castor renvoient à la traite des fourrures développée au Canada suite à la disparition de l’approvisionnement eurasiatique. Ils témoignent d’une galanterie nouvelle dans les relations avec les femmes.
Le commerce des peaux de castors est indissociable de la recherche d’un passage vers la Chine à travers l’Amérique du Nord et a favorisé la diffusion des armes à feu et des épidémies meurtrières.
Vermeer possédait certainement plusieurs chapeaux. Aucun hollandais de sa génération ne sortait tête nue en public. Les seuls hommes que Vermeer a peint sans chapeau sont au travail.
A l’époque la galanterie évinça la bravoure militaire pour qui cherchait conquérir une femme.
La mode des chapeaux de castor se répandit d’abord parmi les marchands, mais en l’espace de quelques décennies elle gagna les élites raffinées et les milieux militaires.
Les fourrures étaient indispensables pour financer une entreprise plus importante : trouver le chemin de la Chine sans les incommodités des glaces de Nord, ni les ardeurs des zones torrides.
Les Français s’élancèrent les premiers dès 1603 dans cette recherche. Samuel de Champlain était à la tête d’une mission françaises sur le Saint-Laurent qui était venue explorer la région des grands lacs en quête d’un passage nord-ouest vers le Pacifique.
En 1609, Henri Hudson entra au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Il pénétra dans la baie de Manhattan, et dans le grand fleuve auquel on a ensuite donné son nom; (cependant il semble que le premier européen qui fut en mesure d’observer l’ « Hudson » fut l’italien Giovanni Verrazano en 1524). Il prolongea son exploration jusqu’à l’embouchure du Mohawks, principal affluent de l’Hudson. C’est à la suite de ce voyage, et en vertu des droits qui en résultaient que le gouvernement des Pays-Bas fonda ses premiers établissements dans les territoires qui venaient d’être explorés, depuis l’entrée de la baie de la Delaware jusque vers l’embouchure du Mohawks et créa la ville de la Nouvelle Amsterdam sur l’île de Manhatan.
Ni Champlain, ni Hudson ne trouvèrent de passage vers la Chine.
Français et Hollandais profitèrent de ces voyages pour développer le commerce des peaux de castor favorisant la diffusion des armes à feu. Les Français tentèrent de limiter cette diffusion qui leur assurait un avantage militaire. Les Hollandais, qui faisaient commerce depuis la Nouvelle Amsterdam, étaient moins regardants : ils vendaient des arquebuses à voulait en acheter. Les Anglais troquaient des armes contre des fourrures, tout en réservant les échanges à leurs alliés.
Les Européens transmirent un certain nombre de maladies infectieuses dont la variole, aux Amérindiens, notamment à la confédération huron dans les années 1630-1640, épidémie qui réduisit la population au tiers de ses effectifs. Cherchant désespérément à sauver leur communauté de l’anéantissement, certains Hurons se tournèrent vers les enseignements des missionnaires jésuites français qui avaient commencé à s’introduire en pays huron dans les années1620.
La porcelaine chinoise ornée de motif bleus sur fond blanc était cuite dans deux types de fours, les fours simples (fours mantouyao atteignant 1300°) et les four dragon composés de plusieurs chambres de combustions communicantes (four longyao atteignant 1200°).
Vers le milieu du XVIIe s. une demeure hollandaise était généralement décorée de porcelaines chinoises représentées en peinture dans les natures mortes permettant de se distinguer sur le plan social. Les Portugais furent les premiers Européens à acquérir des porcelaines chinoises suivis par les hollandais.
Les potiers de Delft furent incapables de rivaliser avec la qualité du bleu et blanc chinois, mais ils réussirent à produire des contrefaçon acceptables à bas prix.
On commença à pouvoir se procurer des porcelaines chinoises à Delft avant l’époque de Vermeer pour se distinguer de ceux qui n‘étaient que riche, et n’avaient ni éducation, ni goût.
En 1609, la Compagnies des Indes orientales hollandaise (VOC pour Vereenigde Oost-Indische Compagnie) installa son premier poste commercial permanent à Bantam, à l’extrémité ouest de l’île de Java. Après s’être emparé de Jakarta à l’est la compagnie transposa son quartier général et rebaptisa la ville Batavia. Les directeurs de la VOC reconnurent également que le meilleur moyen de dominer le marché de la porcelaine était d’en acheter par les filières commerciales régulières, et non de la voler à d’autres bateaux.
Au cour de la première moitié du XVIIe s. les navires de la VOC transportèrent en Europe largement plus de trois millions de pièces au total. Avec l’augmentation de la demande européenne, les marchands de porcelaine chinoise d’Asie du Sud-Est s’initièrent aux goûts européens et les communiquèrent à leurs fournisseurs de l’intérieur des terres pour qu’ils puissent répondre aux vœux de la clientèle.
Les potiers de Delft furent incapables de rivaliser avec la qualité du bleu et blanc chinois, mais ils réussirent à produire des contrefaçons acceptables à bas prix. La faïence de Delft devint un substitut accessible aux gens ordinaires qui avaient envie de porcelaine chinoise mais qui dans les premières années du commerce de la VOC, ne pouvait rêver d’acquérir plus que quelques objets. Les carreaux de Delft s’inspirent de l’esthétique chinoise. Ils apparaissent sur cinq toiles de Vermeer. Les peintres et les fabricants de carreaux de céramique appartenant la même guilde artistique que celle dont Vermeer était syndic, la guilde de Saint Luc, il connaissait certainement le propriétaire des fours.
Les signes du monde extérieur sont omniprésents dans la peinture, notamment sous forme de représentations de cartes et de globes terrestres. Ils expriment une soif de connaissances géographique qui ne se retrouve pas dans le monde chinois.
La géographie de Vermeer est un monde « à distance », physiquement et intellectuellement. Ce qui l’intéresse, ce sont les informations que les marchands rapportent, les données qu’il va rassembler, analyser et synthétiser sur des cartes maritimes et terrestres que les marchands pourront ensuite emporter dans le vaste monde. Au XVIIe s. la géographie participait activement à cette interminable boucle de rétroaction et de correction des connaissances.
Dresser une carte de plus en plus complète du monde offrait un modèle pour réfléchir les liens spirituels que chaque membre de la communauté humaine entretenait avec tous les autres, des liens qui s’élargissent vers l’extérieur pour former un réseau universel.
Le processus n’était pas toujours parfait: de nombreuses cartes d’Amérique du Nord montraient encore un passage transcontinental bien après l’époque où l’on avait pu espérer en découvrir. Quelques zones vides résistèrent obstinément à ce processus d’accumulation des connaissances : l’intérieur de l’Afrique, le milieu de l’océan Pacifique, l’extrémité nord de l’Amérique du Nord, les deux pôles.
8. La plus ancienne carte du monde chinois. Le Da Ming Hun Yi Tu, ou la carte amalgamée du grand empire Ming (1368 – 1644) est une carte du monde créée en Chine. Elle a été peinte en couleur sur une mousseline de soie et mesure 386 × 456 cm. Sa date exacte de réalisation reste inconnue. Des étiquettes écrites en mandchou ont été superposées au texte original écrit en chinois classique. La carte, centrée sur la Chine, représente l’Ancien Monde, entre la Mongolie au nord et Java au sud et entre le Japon à l’est et l’Europe à l’ouest.
Le géographe de Vermeer (vers 1768-1769) illustre cette situation. Sur l’armoire figure un globe terrestre – tourné vers l’Océan indien -réalisé par le savant Jococus Hondius. Un compas dans les main deml’homme accompagne ces préoccupations géographiques. Le géographe lève la tête vers la lumière alors qu’il était en train de prendre des mesures sur la carte disposée devant lui. La connaissance du monde montre encore de nombreuses lacunes. Le planisphère Nova Orbis Tabul 1662 de la Bibliothèque royale de Belgique montre ainsi de nombreuses lacunes, notamment pour ce qui nous intéresse ici pour l’Amérique du Nord.
A l’opposé les cartes chinoise ne furent ni améliorées ni complétées à cette époque en vue de nouvelles publications comme ce fut le cas en Europe. Aucun marin chinois, ou presque, n’avaient eu l‘occasion de vérifier et de développer ces connaissances.
La femme à la balance de Vermeer présente une balance vide, mais sur la table figurent des pièces de métal précieux qui pourraient être en relations avec cette pesée. On ne sait si elles sont d’or ou d’argent.
L’argent hollandais provenait vraisemblablement de l’Amérique du Sud et des mines de Potosi. Une certaine quantité d’argent était réexporté vers la Chine.
A cette époque la pesée de l’argent non estampillé est interdite, mais la pesée des pièces fait partie intégrante des transactions économiques.
Dès la fin du XVIe siècle, l’argent et l’or extraits dans les régions minières d’Amérique espagnole arrivent massivement en Europe. L’accroissement très important du stock de métaux précieux est directement lié à l’argent et l’or hispaniques. Ils amplifient la circulation monétaire dans l’Europe entière et génèrent des flux commerciaux mondiaux.
La diffusion de l’argent dans les transactions quotidiennes en Europe et en Chine coïncide avec une expansion de leur économie, ce qui entraîna une demande croissante de ce métal précieux. Cette circulation stimula le production des deux sources majeures, le Japon et l’Amérique du Sud .
Au XVIIe s. Le Japon était un des plus gros producteurs de ce métal et les marchands hollandais négociaient une grande partie de ses lingots destinés à l’exportation, car ils étaient les seuls autorisés à faire du commerce au Japon. Mais cet argent circulait essentiellement au profit du marché intra-asiatique. L’argent des pièces figurées par Vermeer provenait sans doute de l’Amérique espagnole, soit de la Nouvelle Espagne (le Mexique actuel), soit du Pérou (qui englobait au XVIIe s. la Bolivie actuelle).
Du jour au lendemain Potosi devint la plus grande ville des Amériques.
Deux raisons expliquent que la Chine ait été la grande destination mondiale de l’argent européen.
En cinquante ans, entre 1610 et 1660, le siège de la VOC autorisa l’exportation de presque environ cinquante millions de florins – près de de cinq cent tonnes d’argent.
L’argent circulait vers l’est, de Potosi vers l’Europe, puis de l’Europe vers l’Asie, mais ce n’était pas la seule voie qu’il empruntait pour se rendre en Chine, ni même la principale. Un volume d’argent deux fois plus important se dirigeait vers l’ouest, rejoignant d’abord la côte, avant de remonter vers Acalpulco, d’où il traversait le Pacifique jusqu’à Manille. A Manille, l’argent était négocié contre des marchandises chinoises, puis expédié en Chine. Un fleuve d’argent reliait ainsi l’économie coloniale des Amériques à l’économie du sud de la Chine, le métal extrait sur un continent payant des marchandises qui étaient fabriquées sur un deuxième continent avant d’être consommées sur un troisième.
Comme l’argent le tabac est un produit d’origine américaine. Christophe Colomb est le premier européen à observer sa consommation en 1492. Sa distribution mondiale va impliquer Espagnols, Portugais et Hollandais avec une plaque tournante à Manille aux Philippines. De là le tabac atteint la Chine vers 1596. et les Provinces Unies, où il est cultivé dès 1610. Les premiers Européens qui se mirent à fumer étaient des marins, des soldats et des prêtres. Les aristocrates et autres gentilshommes le trouvèrent à leur goût et en adoptèrent l’usage qu’ultérieurement.
Christophe Colomb et son équipage sont les premiers non américains à voir fumer les indigènes des Amériques.
Amegino Vespucci, propose la première allusion imprimée au tabac.
Jacques Cartier goûte au tabac lors de son second voyage dans le nouveau monde.
Du Portugal, le tabac passe en France. On donna en effet à Jean Nicod des graines qui les rapporte en France pour les semer dans son jardin, sans doute avant 1559. Pourtant les premiers Européens qui se mirent à fumer étaient des marins, des soldats et des prêtres. Les aristocrates et autres gentilshommes le trouvèrent à leur goût et en adoptèrent l’usage qu’ultérieurement.
Le tabac arrive en Chine par trois routes : un route portugaise en direction de l’est, allant du Brésil à Macao, un route espagnole en direction de l’ouest, allant du Mexique à Manille , et une troisième qui rejoignait Pékin en effectuant toute une série de bonds autour de l’Asie orientale. La première et la deuxième route se mirent en place à peu près en même temps, le tabac convergeant vers Macao et Manille, puis vers la province, plus haut sur la côte.
Les Espagnols introduisent le tabac aux Philippines. Legaspi fut le premier investi du titre de gouverneur-général, et, après avoir solidement établi la domination espagnole dans l’île de Zebu, il passa à Luçon et fonda Manille, qui ne tarda pas à devenir la capitale des Philippines et le siège du gouvernement.
En Chine le second signe manifeste d’un bouleversement du monde est l’apparition de marchands de tabac. L’année de naissance de Yang en 1597 personne dans la province de Shandong au sud de Pékin n’avait goûté au tabac. Il y avait des fumeurs sur la côte sud et les feuilles de tabac étaient arrivées jusqu’à Pékin où elles figurent sur une liste d’achats d’un bureau de comté de 1596.
En Europe les usages médicaux du tabac deviennent une source de profit pour les apothicaires.
Champlain observe du tabac lors de son premier voyage au Canada.
Fin du XVIe s. Les navigateurs portugais et hollandais amènent le tabac en Chine, dans le but de le commercialiser, vers la fin du XVIe siècle. Il a rencontré un fort succès dans ce pays, et rapidement les Chinois se sont mis à le cultiver, le fumer et le priser. À cette époque, le tabac était différent de celui que l’on connait de nos jours. En effet, il était plus rustique, pouvait être psychoactif et contenait un taux élevé d’alcaloïdes. Il pouvait ainsi faire perdre les sens et entrainer une sorte d’ivresse chez ses consommateurs.
1603. Quand le chef montagnais Anadabijou accueille en grande pompe les Français à Tadoussac, il fait ce que devait faire un bon autochtone, il leur offrit du tabac. Champlain qualifia cette fête de tabagie, un mot qui au Québec, désigne aujourd’hui un bureau de tabac. Les Amérindiens utilisaient le tabac pour circuler entre le monde naturel et le monde surnaturel et communiquer avec les esprits. Les chamans s’en servaient pour provoquer des transes qui leur permettaient de quitter le monde naturel et communiquer avec les esprits.
En Europe aussi, le tabac fut entraîné dans l’univers de la sorcellerie. En 1609 Henri IV chargea un juge d’enquêter sur la sorcellerie dans la France rurale. Cet homme découvrit entre autres choses, que les sorcières consommaient du tabac. La panique que les sorcières inspiraient en Europe s’effaça progressivement au cours du XVIIe s., emportant avec elle l’idée que le tabac permettait de communiquer avec le démon. L’histoire de l’arrivée du tabac en Europe a été essentiellement racontée de point de vue de l’élite.
Les Européens fumaient déjà; ils s’étaient initiés aux plaisirs du tabac dans la dernière partie du XVI s.
Ces mouvements n’étaient pas ordonnés par une volonté supérieure, mais ils n’étaient jamais aléatoires. Tous les membres américains de la famille des solanacées – tomate, pomme de terre, piment, tabac – circulaient à travers le monde de cette façon là.
Les fermiers hollandais commencèrent à cultiver du tabac pour remplacer les articles d’importations vers 1610 faisant rapidement des Pay-Bas le plus grand producteur de tabac en Europe.
Le tabac était d’usage courant sur le littoral chinois.
les Hollandais commencent à introduire en Asie du Sud-Est de l’opium originaire d’Inde. En faisant macérer des feuilles de tabac dans une solution extraite de la sève du pavot on obtenait une forme de tabac beaucoup plus puissante.
Dès le milieu du XVIe siècle, les populations européennes et celles des colonies adoptent la petite pipe de terre, dont la morphologie est directement inspirée de la pipe coudée amérindienne. Ces pipes bon marché sont fabriquées massivement : en Angleterre, l’industrie pipière s’avère si lucrative qu’elle favorise l’émergence de la première corporation des fabricants de pipes et mélangeurs de tabac en 1600. Vers les années 1620, l’industrie pipière occupe parfois jusqu’à 50% de la main-d’œuvre des grandes villes hollandaises. On utilise aussi des pipes de bois, de métal ou de céramique.
En Chine, les nouvelles habitudes sociales et la consommation de tabac n’a pas été suffisamment intégrée pour faire leur entrée dans les beaux arts avant le XXe siècle.
Les Chinois utilisaient de nombreux ustensiles comme les pipes à tabac, pour fumer ou pour le priser. La plupart des pipes à tabac étaient fabriquées par les fumeurs eux-mêmes, car ils n’avaient pas les moyens d’en acheter. Seules les élites chinoises (lettrés, aristocrates…) faisaient appel à des artisans ou des orfèvres pour confectionner leurs pipes à tabac. Les Chinois les plus riches se faisaient fabriquer des pipes appelées « fusil », très élégantes, richement ornementées. Comme le tabac était très chaud, le tuyau devait être suffisamment long. Les Chinois les plus pauvres fabriquaient eux-mêmes leurs pipes, appelées « gros bambou ». Ce type de pipe s’apparente à un narguilé, car les fumeurs introduisaient de l’eau dans le tuyau en bambou. Jusqu’à une date bien plus avancée du XVIII s., jamais un artiste chinois n’aurait eu l’idée d’inclure un fumeur dans son répertoire de motifs, contrairement aux Européens.
Les représentations de femmes jouant du luth sont l’expression des relations amoureuses dans une société devenue pudibonde.
L’un des sujets les plus communs de la peinture de genre est la relation amoureuse ; or, son interprétation morale est loin d’être simple. Un grand nombre de scènes de musique montrent un homme et une femme avec un ou deux instruments musicaux et un regard indiscutablement amoureux, même lorsqu’il n’y a qu’un seul personnage (Vermeer, Metsu). La musique donc peut être véhicule d’amour et jouer le rôle de médiateur dans la relation amoureuse. De cet instrument provient l’expression lutiner : poursuivre une femme de ses baisers, de ses caresses , de taquineries galantes.
La peinture de Vermeer révèle de manière personnelle un vue intimiste des intérieurs bourgeois.
Des fenêtres ont été peintes selon un angle tellement oblique que leurs vitres étincelantes ne laissent rien paraître de ce qui est dehors, dans la rue.
Le corps social était plus homogène que dans les autres pays d’Europe : la mobilité sociale était possible. Les diverses classes sociales se côtoyaient notamment au temple, dans les milices et surtout au café. L’existence d’une vaste classe moyenne, de l’artisan au négociant enrichi, était garante de la cohésion nationale. À la prospérité, sinon générale, du moins répandue, s’ajoutait le partage de valeurs communes, fortement ancrées par l’influence du calvinisme et de l’humanisme ainsi que le ciment d’un incontestable nationalisme.
Les guildes de poésie se consacraient à la promotion et au mécénat de la production littéraire.
En 1568 plusieurs provinces se révoltent contre la tutelle espagnole.
En 1568 plusieurs provinces se révoltent sous la direction de Guillaume le Taciturne contre le gouverneur lieutenant du roi résidant à Bruxelles, Ferdinand d’Avare de Tolède, duc d’Albe, en raison de ses efforts de modernisation et de centralisation des structures, de sa politique absolutiste, des exécutions capitales d’opposants et des impôts jugés excessifs, ainsi que de la persécution des protestants. Les habitants des sept provinces sécessionnistes ont en effet majoritairement opté, dès le début de la révolte, pour le principe de la liberté de culte à l’encontre de la politique ultra-catholique et de l’intolérance de Philippe II d’Espagne. C’est le début de la guerre de Quatre-vingts ans.
En 1579, les sept provinces septentrionales signent l’Union d’Utrecht, par laquelle elles s’engagent à se soutenir mutuellement contre l’armée espagnole. L’union d’Utrecht est suivie, en 1581, par l’acte de La Haye, proclamant l’indépendance des Provinces-Unies.
La prospérité des Provinces unies bénéficie d’une forte immigration et d’une politique efficace d’intégration
Comme les Provinces-Unies s’étaient soulevées contre la répression religieuse, elles garantirent dès le début à leurs citoyens la liberté de culte La nouvelle s’en répandit bientôt et cela entraîna un afflux dans le pays de protestants, de Juifs , et d’autres réfugiés d’Espagne, du Portugal et des Pays-Bas espagnols. Le calvinisme devint le culte dominant. Cette république est reliée à tous les pays environnants par de larges flux migratoires entrant, les estimations relatives à l’importance des mouvements de population internationaux indiquent que, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, environ 160 000 hommes et femmes nés dans les pays du pourtour de la mer du Nord vivent dans un autre pays de cette même région du continent européen et que pas moins de 86 % d’entre eux vivent aux Provinces-Unies. La conséquence, pour ce pays, est une explosion des niveaux d’immigration, qui ne seront dépassés qu’à la fin du XXe siècle.
Le calvinisme favorise une société puritaniste faisant étalage d’austérité
Une histoire mondiale des transformations interculturelles de la vie du XVIIe siècle ne peut commencer qu’à Delft, la ville de Vermeer. L’élimination de l’idolâtrie catholique, s’est accompagnée de la dépose des vitraux des deux églises de la ville en 1560, dans la cadre de la lutte pour l’indépendance hollandaise et l’aménagement des lieux de réunions protestants où l’on célébrait un culte presque civil.
On constate un abandon des scènes religieuses dans la peinture qui ne sont évoquées qu’en arrière-plan par des tableaux suspendus aux murs. Si Vermeer renonça à peindre des scènes bibliques, il n’était pas hostile à l’idée d’en orner son mur comme le faisait couramment les familles catholiques de la Hollande protestante pour mieux affirmer leur interprétation plus littérale de la foi chrétienne.
Max Weber définit ainsi le capitalisme :« Nous appellerons action économique « capitaliste » celle qui repose sur l’espoir d’un profit par l’exploitation des possibilités d’échange, c’est-à-dire sur des chances (formellement) pacifiques de profit. » Cette définition, toute formelle, est extrêmement proche de celle de Marx, qui fait de la recherche du profit le fondement de l’accumulation capitalisme. Une grande différence existe, toutefois : pour Weber, la recherche du profit à travers le calcul de la rentabilité d’un investissement, par laquelle il définit l’action capitaliste, se trouve dans un très grand nombre de sociétés.
La mondialisation des échanges économique est le fruit de la création de deux compagnies, la Compagnie des Indes orientales et la Compagnie des Indes occidentales.
La Compagnie des Indes orientales (1602) se déploie essentiellement en Extrême Orient alors que la Chine reste refermée sur elle-même.
La Compagnie des Indes orientales, créée en 1602, est le point de départ d’une évolution d’une immense portée, imprévisible sur le moment.
Le commerce intensif avec l’Orient (Indonésie, Inde, Chine…) devient l’apanage de sociétés de négociants qui dépendent d’une charte par laquelle l’État leur accorde des privilèges, tout en maintenant un droit d’intervention. Tel est le cas des compagnies des Indes orientales hollandaise (VOC) : c’est une société de financiers dont le statut est calqué sur celui des manufactures royales. Les compagnies des Indes disposent de monopoles de commerce et de droits régaliens : administration, impôts, monnaie, armée… L’État conserve un droit de regard car ces compagnies constituent un moyen de mettre en valeur des territoires nouvellement acquis.
Les navires européens dominaient peut-être les voies maritimes au XVIIe s., mais les européens étaient toujours minoritaires à bord à côté des demi-castes, nègres et gens de couleur.
A cette époque la cour chinoise était plongée dans une controverse de politique étrangère : le plus grand danger venait-il du nord ou du sud ? Qui faisait peser les plus grandes menaces sur le régime: les marchands européens (cheveux rouge) et japonais sur la côte sud ou les guerriers mongols et toungouzes sur frontière nord ?
On remarque néanmoins que Vermeer ne fut jamais directement un peintre de la compagnie.
La Compagnie des Indes occidentale (1630) se développe dans le cadre du trafic des esclaves entre l’Afrique et l’Amérique.
A partir des années 1630 une autre compagnie sous mandat de l’État hollandais, la compagnie des Indes occidentales ou Westindische Compagnie (WIC) s’implanta solidement de part et d’autre de l’Atlantique Sud, achetant des esclaves en Afrique pour les revendre aux propriétaires des plantations de tabac dans les Caraïbes et au Brésil. La WIC, qui envoyait trois ou quatre négriers par an vers le Caraïbes, sans compter les navires qui assuraient la liaison avec l’Amérique du sud. Ensemble, ces trois produits de base de l’époque – l’argent, le tabac et les esclaves destinés à travailler dans les mines du premier et à récolter le second – jetèrent les bases de la colonisation à long terme des Amériques.
Les navigations aux longs cours placées sous l’autorité de chaque ville portuaire, bénéficent du développement de nouvelles technologies : construction navale, compas magnétiques, papier, poudre à canon.
Lors de la formation de la République des Pays-Bas du Nord à la fin du XVIe siècle les affaires de marines sont placées sous l’autorité de chaque ville portuaire.
L’Amirauté d’Amsterdam est un modèle de l’évolution de l’organisation. Au début elle est installée dans des couvents catholiques, confisqués par les autorités urbaines et utilisés comme bureaux et comme arsenaux.
Les mâts, le goudron et la poix indispensables à la construction navale affluent.
La capacité de l’Europe à organiser et à mener des opérations commerciales sur une échelle planétaire devait beaucoup au nouvelles technologies associées au commerce maritime: compas magnétique, papier permettant de conserver des documents détaillés nécessaires aux transactions, poudre à canon.
Commerce triangulaire
Les Pays-Bas possèdent des esclaves africains représentés dans la peinture de Van der Burg.
L’œuvre de Vermeer ne nous aurait jamais appris qu’il y avait des Africains à Delft. Van der Burg (1627-1665) nous le fait découvrir. Ils étaient arrivés sen Europe depuis le XVe siècle, mais leurs effectifs étaient en forte hausse dans les Pays-Bas du XVIIe s. Ils étaient utilisés comme marins, ouvriers et domestiques dans les villes portuaires d’Anvers et d’Amsterdam, mais surtout comme esclaves. A part le service domestique, les possibilités d’emploi pour les noirs étaient limitées et même si la loi les disait théoriquement libres ils étaient pour ainsi dire attachés au maître ou à la maîtrise qui les avait acquis.
Le refroidissement planétaire fut en fin de compte bénéfique pour la Hollande qui bénéficia de la migration du poisson de la Baltique vers le Sud.
Si une condition dominante a marqué l’histoire de XVIIe siècle, c’est le refroidissement planétaire pendant le siècle et demi qui s’est écoulé entre 1550 et1700. Le froid et la peste réduisirent le rythme de la croissance de la population mondiale, mais rétrospectivement, il semble aujourd’hui que l’espèce humaine ne faisait que prendre son élan avant le grand bond qui commença autour de 1700. Un avantage que les Hollandais retirèrent du refroidissement de la planète fut la migration des poissons de la Baltique en direction du Sud. L’activité de pêche se déplaça alors vers la Baltique, et passa ainsi sous le contrôle des pêcheurs hollandais.
Les États qui ont accédé à la puissance globale étaient bien placés pour tirer profit du commerce planétaire, et aucun ne l’était plus que la République hollandaise, avec son solide arsenal de corporations monopolistiques.
Pour la première fois de l’histoire humaine on pouvait prendre conscience de ce que c’était qu’une réalité presque universelle. L’idée d’une humanité commune se faisait jour et, avec elle, la possibilité d’une histoire partagée. Au XVIIe siècle le commerce et les déplacements ont renforcé l’État. En Europe du moins les royaumes privés des monarques, qui exigeaient jadis la loyauté de leurs vassaux, se transformèrent en entités publiques placées au service des intérêts des société commerciales et peuplées de citoyens qui accumulaient une fortune personnelle. Les États ne purent résister à l’envie de puiser dans l’immense puissance économique nouvelle du commerce d’entreprise, celui les rendit eux-mêmes plus forts. Il y avait plus de gens qui apprenaient des langues nouvelles et s’adaptaient des coutumes qui leur étaient peu familières. Pour l’essentiel la prise de contact était faite. Le XVIIe siècle fut une époque de renforcement des relations. Ce fut une époque qui ne se prêtait pas à l’exécution de dessins grandioses mais à l’improvisation. Le temps de la découverte était largement révolu, celui de l’impérialisme encore à venir. Le XVIIe siècle fut l’ère de l’improvisation.
Le gouvernement hollandais s’efforçait d’étendre ses relations commerciales à toute la planète, tandis que le gouvernement chinois menait une politique de limitation intermittente des contacts et du commerce avec l’étranger (une politique qui faisait l’objet d’un vif débat en Chine même).
Désormais, des gens arrivaient régulièrement d’ailleurs ou partaient pour des contrées lointaines, emportant avec eux des objets – lesquels se retrouvaient ainsi en des lieux différents de ceux où ils avaient été fabriqués, et où on les voyait pour la première fois. Mais le commerce a rapidement pris le relais. Les éléments en déplacement n’étaient plus des voyageurs fortuits, mais des articles fabriqués dans l’intention d’être mis en circulation et vendus, et la Hollande était une des destinations de ces nouveaux produits.
Le XVIIe siècle fut une époque de renforcement des relations. Ceux qui souhaitaient établir leur résidence en Chine pouvaient recourir à deux méthodes.
Voie 1. S’adresser aux autorités régionales pour obtenir l’autorisation, ce que les Jésuites firent avec succès partir des années 1580.
Voie 2. L’autre façon d’entrer en Chine était de s’y introduire clandestinement, ce que commencèrent à faire les missionnaires de l’ordre des dominicains dans les années 1630.
Ces deux accès à la Chine – la « porte du devant » via Macao (la route des Jésuites) et la « porte de derrière » le long de la côte du Fujian (celle des Dominicains), sont en réalité les mêmes que celles qu’empruntait le tabac pour partir à la conquête de la Chine.
Cette mondialisation n’est pas directement visible sur les toiles Vermeer à part la présence d’objets d’origine lointaine. Le peintre n’a représenté personne qui soit né à plus de 25 km de Delft.
Bourse et capital par action
Les différentes chambres qui contrôlaient elles-mêmes leurs capitaux et leurs opérations, tout en obéissant à des principes et à une politique uniforme se révélèrent être une brillante innovation. Elles inventèrent la bourse et le capital par action.
Toutefois, le monde commercial n’était pas uniquement préoccupé par les détails matériels; il avait, en outre, des codes moraux stricts. La confiance et autres notions afférentes, telles que la « crédibilité » ou le « crédit » (du latin credo, « je crois »), étaient les principes sous-jacents les plus importants du commerce.
Seul un État fédéral exceptionnel comme la République hollandaise aurait pu imaginer une structure fédérale pour administrer une compagnie commerciale.
La Bourse d’Amsterdam telle que représentée J.P. Ricard, dans son livre Les Loix et les coutumes du change des principales places de l’Europe (Amsterdam, Estienne Roger, 1715) était le centre financier et commercial de la République des Provinces-Unies. Des libraires s’installaient dans ses alentours pour profiter du va et vient des marchands. La gravure des années 1660 nous montre les boutiques des libraires François Honoré et Jacques Desbordes devant la Bourse.
En l’espace de quelques décennies la VOC prouva qu’elle était la plus puissante corporation commerciale du monde du XVIIe siècle, le modèle des grandes entreprises qui dominent aujourd’hui l’économie mondiale.
L’Empire néerlandais
Au XVIIe s la politique coloniale néerlandaise n’a jamais été dominée par la vision d’établir un empire néerlandais, notamment en Asie du Sud-Est. De nombreuses possessions n’étaient que des postes de commerce gouvernés par des entreprises privées, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et la Compagnie néerlandaise des Indes occidentale.
Certaines régions comme la Nouvelle Amsterdam en Amérique du Nord et l’Afrique du Sud échappent pourtant à cette limitation et ont présenté de véritables politiques de peuplement.
L’empire néerlandais est le nom donné à des territoires sous contrôle des Pays Bas du XVIIe siècle au XXe siècle. Il s’est développé au cours du XVIIe siècle. Les Pays-Bas perdirent une partie de leurs colonies au XVIIIe siècle notamment au profit des Anglais mais conservèrent jusqu’au milieu du XXe siècle les possessions orientales néerlandaises (actuelle Indonésie) et les Antilles néerlandaises
L’usage du terme empire pour désigner toutes les activités d’outre-mer des Néerlandais fait débat car de nombreuses colonies n’étaient en fait que des postes de commerce gouvernés par des entreprises privées, la Compagnie néerlandais des Indes orientales et la Compagnie néerlandaise des Indes occidentale. Ce n’est qu’après la fin des guerres napoléoniennes en 1815 que les Britanniques rendirent à la monarchie néerlandaise les possessions qu’ils occupaient. Les Pays-Bas prirent alors directement en charge la gestion des colonies. Après cette date, tous les historiens utilisent le terme d’empire et d’impérialisme pour faire référence à un aspect plus européen de le colonisation et, la plupart du temps, seulement pour le période de 1880 à 1940. En 1968, S. L. van der Wal, un historien néerlandais, écrit: « La politique coloniale néerlandaise n’a jamais été dominée par la vision d’établir un empire néerlandais en Asie ».
De plus, il n’y avait pas de politique d’assimilation, et les indigènes n’étaient pas forcés d’adopter la langue néerlandaise, les mœurs ou les coutumes des Néerlandais, comme la religion, protestante ou catholique. La colonisation étant surtout économique, les Indes néerlandaises n’étaient pas une colonie de peuplement pour les colons néerlandais, et la présence des Européens était restreinte. En revanche, les populations étaient soumises à l’occupant, qui pouvait avoir recours au travail forcé.
L’attrait des richesses chinoises, notamment au niveau des porcelaine, a obsédé le monde du XVIIe sècle. L’établissement de relations commerciales internationales s’est révélée difficile étant donné la fermeture de la Chine vis-à-vis de l’extérieur. Les transactions avaient lieu essentiellement le long des côtes.
Dans le Sud-est de l’Inde Pondichéry entre dans l’histoire de France après la marginalisation de la VOC en 1673.
Indes orientales néerlandaises
De 1605 à 1942 l’Indonésie est administrée par les Hollandais avec des périodes d’occupation britannique entre 1799 et 1803, et 1805-1817.
Les États généraux des Pays-Bas octroient à la VOC une charte lui donnant le monopole du commerce dans L’Océan indien. La Compagnie peut traiter avec les souverains locaux, faire la guerre, lever des troupes, posséder des navires de commerce et de guerre, construire des forts. Elle est administrée par l’« Assemblée des Dix-sept » (de Heeren Zeventien), représentant les six chambres de commerce des Provinces-Unies.
Malacca
Les Néerlandais prennent Malacca sur la côte occidentale de la péninsule du même nom aux Portugais en 1641. Il est donné aux Anglais en 1806, durant les guerres napoléoniennes, rendu au Royaume-Uni des Pays-Bas en 1816, puis cédé aux Anglais lors du Traité anglo-néerlandais de 1824.
Formose (Taiwan)
De 1624 à1662, Les Néerlandais maintinrent une base, à Fort Zeelandia, jusqu’au jour où ils en sont expulsés par le chinois Koxinga. L’île est une source d’approvisionnement en canne à sucre et en peaux de daim. C’est aussi un lieu où les marchands néerlandais de la VOC peuvent commercer avec les marchands chinois du continent. Ils peuvent y acheter la soie nécessaire au marché japonais.
Pescadores
Les Hollandais établissent un fort aux îles Pescadores au large de Taïwan occupée de 1620 à 1624.
Japon
Initialement les Néerlandais avaient un comptoir commercial à Hirado de 1609 à 1641. Plus tard, les Japonais accordent aux Néerlandais un monopole du commerce avec le Japon, mais seulement à Deshima une île artificielle au large de la côte de Nagasaki de 1641 à 1853. Durant cette période, ils sont les seuls européens autorisés au Japon. Les commerçants chinois et coréens sont toujours les bienvenus, mais restreints dans leur liberté de circulation.
Birmanie (Myanmar)
Les Néerlandais établissent quatre comptoirs : Mrohaung (Arakan) de 1625 à 1665, Siriangh (de Syriam) de 1635 à 1679, Ava ca. de 1635 à 1679 et Martien (ca. 1660).
Siam (actuelle Thaïlande)
Les Néerlandais établissent quatre comptoirs : Ayutthaya de 1613 à 1767, Patani (Pattani) : de 1602 à 1623, Sangoua (Songkhla) de 1607 à 1623 et Ligor (Nakhon Si Thammarat) de 1664 à 1705 et de 1752 à 1756.
Le Tonkin /Annam (actuel Viêt Nam)
On signale deux comptoirs : Tonkin de 1636 à 1699 et Hoi An de 1636 à1741.
Bengale
On signale des fabriques et des plantations néerlandaises dans ce qui est de nos jours le Bengale occidental à Pipely, de 1635 à 1798, Chinsurah, sur le Hooghly près de Calcuta : de 1635- à 1798, Baleshwae (Bellasoou), maintenant en Orissa : de 1676-1798 et Murshidabad.
Suratte
On mentionne des comptoirs à Surat de 1616 à1795, Àgrâ de 1621 à1720, Burhanpur, Ahmadabad de 1617 à 1744, Bharuch (Broach, Barygaza) et Venguria de 1637 à 1685.
Malabar
Partie méridionale de la côte occidentale de l’Inde
Plusieurs comptoirs, dont certains pris au Portugal, sont établis dans la partie méridionale de la côte occidentale de l’Inde à Cranganoue en 1662, Cochin de Cima (Pallipuram) en 1661, Cochin de Baixo ou Santa Cruz en 1663, Quilon (Coylan) en 1666), Cannanore de 1663 à 1790, Kundapura de 1667 à ca 1682, Ayankulam (ca. 1645) et Ponnani (ca. 1663).
Côte orientale de l’Inde
La côte orientale de l’Inde est privilégiée avec de nombreux comptoirs entrant en compétition avec la présence anglaise : Golkonda de 1662-ca 1733, Bimilipatnam, de 1687-1795/ 1818 à 1825 aux Anglais, Jaggernaikpoeram (Kakinada)(1734 –1795/ 1818 à 1825) aux Anglais, Daatzeram (Drakshawarama) de 1633-1730, Nagelwanze de 1669 à 1687), Palikol de 1613-1781/ 1785-1795/ 1818 à 1825 aux Anglais, Masulipatnam de 1605-1756, Petapoeli (Nizampatnam) de 1606 à 1668, Paliacatta (maintenant Pulikat) de 1610à 1781/ 1785 à 1795/ 1805 à 1825 aux Anglais. Sadras de 1654-1757/ 1785-1795/ 1818 à 1825 aux Anglais, Tierepopelier (Thiruppapuliyur) de 1608 à 1625, Tegenapatnam, Kudalur (Cuddaloue) de 1647 à1758, Pouto Novo (Parangippettai) de 1608 à 1825 (1er juin)) aux Anglais, Negapatnam de 1658 à 1781 aux Anglais, Tuticouin et de Tutucouim de 1658 à ? et Travancore.
Ceylan
La première arrivée des Néerlandais à Ceylan date de 1602, l’île était alors sous contrôle portugais. En 1658, les Néerlandais les en avaient complètement chassés. Entre 1505 et 1658, les Portugais avaient le contrôle des côtes mais pas de l’intérieur de l’île. Bouddhistes, hindous et musulmans avaient eu à souffrir des persécutions religieuses sous la loi portugaise, les Néerlandais étaient plus intéressés dans le commerce que dans la conversion chrétienne des populations. Ceylan resta un comptoir majeur du commerce néerlandais jusqu’à sa prise par les Anglais en 1796. L’importance venait de sa position, à mi-chemin entre les colonies néerlandaises d’Indonésie et celles du Cap.
On signale notamment des comptoirs établis sur les îles situées au large de la côte nord-ouest à Mannar de 1658 à 1802 et à Delft (Nairendivo) de 1658 à 1802 avant d’être rétrocédés aux Anglais lors de la période napoléonienne.
Très au large, au centre de l’Océan indien, les Néerlandais se sont établis dans l’île d’Amsterdam (Carredive). Cette île située, comme île Saint Paul, dans la partie méridionale de la Ride du 90° Est est la seule partie émergée d’un étroit plateau océanique entouré par des fonds de plus de 3 000 mètres. À l’écart de toute terre continentale, les îles Saint-Paul et Amsterdam sont les îles les plus éloignées au monde de tout habitat permanent.
Nouvelle Guinée
De 1828/1895 à 1961 la région de Nouvelle-Guinée occidentale (Irian Jaya) est sous juridiction néerlandaise. Elle constitue aujourd’hui les provinces indonésiennes de Papouasie et de Papouasie occidentale.
Australie : Nouvelle-Hollande
La partie occidentale de l’Australie fut reconnue par des navigateurs néerlandais et passa dans la sphère néerlandaise sous le nom de Nouvelle Hollande mais sans véritable prise de possession, ni réelle colonisation. On peut retracer les explorations néerlandaises sur la côte Nord-est où l’on retrouve beaucoup de toponymes néerlandais ainsi que de nombreuses épaves de navires néerlandais comme le Batavia. Lorsque les Anglais s’établirent sur cette côte, ils notèrent qu’il existait quelques petites poches de population indigène à la peau et aux yeux clairs et aux cheveux blonds, témoignage d’un métissage passé.
Amérique du Nord
La pénétration de l’Amérique du nord était motivée par la recherche d’un passage vers la Chine à travers l’Amérique du Nord en empruntant le Saint Laurent (Champlain pour les Français) et l’Hudson (Hudson pour les Hollandais) ainsi que l’établissement d’un commerce des fourrures de castor.
Le fleuve Hudson fut visité par Henry Hudson alors au service de la VOC en 1609. Dès 1614, apparait le nom de Nouvelle-Néerlande sur les cartes de L’explorateur Adrian Block. La colonie s’étendait alors sur plusieurs États américains actuels dont New York, le Delaware, la Pennsylvanie, le New Jersey et le Connecticut. La Nouvelle Amsterdam et sa périphérie, capitale commerciale et administrative de la colonie, allait devenir New York après la conquête anglaise de 1664.
Hudson s’était tourné du côté de la VOC. Les État généraux étaient intéressés par la découverte de routes maritimes plus rapides en direction de l’est, et armèrent un nouveau vaisseau, le Halve Maen (Demi-lune). Ils appareillèrent vers le Nord, en mai 1609, mais furent forcés de faire demi-tour avant d’arriver en Nouvelle-Zemble. L’expédition changea alors d’objectif, et traversa l’Atlantique vers l’ouest pour atteindre finalement Terre Neuve L’expédition passa quatre mois à explorer la côte est nord-Américaine dont Saten Island, Manhattan, le Maine et le cap Cod. Arrivé à l’île de Manhattan, le capitaine remonta le fleuve
Spitzberg
Le Spitzberg, aujourd’hui Svalbard possession norvégienne, est sous juridiction hollandaise de ca 1620 à ca 1660.
Amérique centrale et Antilles
L’implantation hollandaise officiellement territoires insulaires concerne les Antilles néerlandaises investies au XVIIe siècle (Aruba depuis 1636, Curaçao depuis 1634, Bonaire depuis 1636, Saint Martin depuis 1620, Saint Eustache depuis 1636 et Saba depuis 1640) , les Îles Vierges (Sainte-Croix depuis 1625, Tortola de 1648 à 1672, Anegada et Virgin Gorda (jusqu’en 1680) et Tobago au large du Vénézuela (1628-1677).
Amérique du Sud : Brésil et Chili
Dès la fin du XVIe siècle, des marchands et entrepreneurs, majoritairement zélandais, établissent des réseaux de commerce et s’établissent même le long de l’Amazone. Avant même la trêve de 1609 avec l’Espagne, les Néerlandais entreprennent de coloniser une partie de ce qui est connu alors sous le nom de la Côte sauvage. Ils s’implanteront durablement le long des fleuves Essequibo, Berbice, Demerare et Pomeroon.
Aux traités de Wesphalie, en 1648, l’Espagne reconnaîtra la région comme néerlandaise.
Prise aux Anglais durant la Deuxième guerre anglo-néerlandaise la colonie de Suriname et ses plantations de cannes à sucre passèrent aux mains des Néerlandais, avec la signature du traité de Westminster de 1674. Elle resta un territoire d’outre-mer néerlandais jusqu’à son indépendance en 1755. Le développement de la Côte sauvage en tant que colonie fut long et pénible et sujet de compétitions entre la chambre zélandaise et amstellodamoise et la WIC. La Zélande finit par contrôler au sein de la compagnie coloniale les réseaux coloniaux de la Côte sauvage. Objet des convoitises néerlandaises, anglaises et françaises, leurs établissements durent subir plus d’une fois pillages et occupations. Seule Berbice ne changea pas de mains au XVIIe siècle. Les colonies néerlandaises ne connurent la prospérité qu’aux XVIIIe et XIXe siècles.
Au Chili, l’île de Chiloé est occupée par Hendrik Brouwer en 1643.
Afrique
Les Hollandais établissent plusieurs comptoirs côtiers en Afrique de l’Ouest dans la cadre du commerce des esclaves entre 1599 (Sao Tomé) et 1750 (Nigeria), les fondations de comptoirs se situant essentiellement entre 1630 et 1650.
Ces établissements commerciaux concernent la Mauritanie (Arguin), le Sénégal (Portudal, Rufisque, Joal, Gorée), le Sierra Leone (Tasso Island, Bunce Island), le Liberia (Kaap Mount actuelle Robersport), la Côte de l’Or néerlandaise, le Togo (Petit Popo, Aneho), le Bénin (Great Popo, Ouidab Jakri, Fort-Zelania, Offra, Appa, Ekpé, Savi Allada, Ardra), le Nigeria (Bénin, Badagry, Epe), le Congo (Loango, Ngoyo), la Guinée équatoriale (Annobon), l’Angola (Sao Paulo e Luanda,, Sao Felipe, Sonyo, Ensandeira Island, Malembo), Sao Tomé et Principe ainsi que Sainte Hélène.
La seule implantation ayant débouché sur une véritable colonisation concerne l’Afrique du Sud et la colonie du Cap. Certains rescapés du naufrage du Nieuw Harlem (1646) alors qu’il revenait de son quatrième voyage aller-retour à Batavia purent retourner le lieu de leur naufrage et s’y établir malgré les réticences de la VOC qui n’était pas très tentée par l’occupation de territoires d’outre-mer. Ce fut la première expédition coloniale hollandaise le premier fil de la trame de la colonisation blanche en Afrique du Sud.
En 1652 la VOC établit au Cap de Bonne Espérance une base de réapprovisionnement pour ses navires, située à mi-chemin entre les Indes néerlandaises orientales et occidentales mais surtout les Pays-Bas. La région présentant alors peu d’intérêt pour le négoce, elle allait surtout être une des rares colonies de peuplement néerlandais.
Les colons néerlandais restèrent en Afrique du Sud après la prise de contrôle britannique et plus tard entamèrent le Grand Trek à travers le pays pour rejoindre le Natal. Ils furent soumis par les Anglais après la Seconde guerre des Boers (1899-1902) et sont connus maintenant sous le nom d’Afrikaners.
Les implantations hollandaises concernent également le Mozambique (Baie de Maputo, 1721-1730), Madagascar (Baie Antongil (1641-1646), l’île Maurice (1638-1658 et 1664-1710) et la Réunion.
Proche Orient
Les Hollandais établissent quelques comptoirs en Perse (actuel Iran) à Esfahan d’Isfahan (1623-1747), à Bandar-e Abbas (de Gamron) (1623- 1766), à Fort-Mosselstein (1750 -1766) et à Band-e Kong (1666 à 1753).
On peut également signaler Al Basrah (Bassora) en Mésopotamie (actuel Irak) ainsi qu’au Yémen Al Mukha (Mocca) (1620 à16- et 1697 à 1757) et Aden (1614-1620).
Les Provinces Unies initient un rapport au monde nouveau combinant capitalisme financier et mondialisation des échanges qui sera à la base du développement des sociétés occidentales jusqu’à aujourd’hui.
On peut donc les ranger dans l’ensemble des sociétés dites ploutocratiques. La mondialisation des échanges a été à l’origine de la richesse des Provinces unies et au développement d’une bourgeoisie d’affaires qui a profité de l’ensemble des richesses du monde à travers des gestions privées de la masse monétaire échappant totalement au contrôle de l’État.
Cette situation a généré un brillant développement culturel.
Cette république tolérante accueillait alors toutes les religions et favorisait les libertés individuelles. Elle donne à la philosophie l’un de ses plus grands philosophes : Baruch Spinosa (1632-1677). Montesquieu admirait ce modèle politique et fit publier ses Lettres persannes à Amsterdam en 1721. Le pays dispose de centres d’édition et d’imprimerie (à Amsterdam et Rotterdam), d’universités brillantes (surtout l’université de Leyde fondée en 1575). Le XVIIe siècle voit s’épanouir une peinture hollandaise renommée et représentée par Vermeer (1632-1675), Rembrant (1606-1669) et Frans Halls (1580-1666). La bourgeoisie d’affaires, les armateurs et les échevins passent des commandes auprès de ces artistes et se font construire des hôtels particuliers dans les villes.
La coupure entre nature et société s’est creusée au XIXe siècle avec la complicité des sciences humaines. Sous ses figures du parc naturel , des écosystèmes, de l’environnement, puis du développement durable, la nature était donc jusqu’à récemment reconnue comme essentielle, mais séparée de nous.
La dégradation généralisée du tissu de la vie sur Terre (biosphère) est le deuxième élément témoignant du basculement vers l’Anthropocène. L’effondrement de la biodiversité est lié au mouvement général de simplification (par anthropisation agricole et urbaine, fragmentation et destruction des écosystèmes du globe, mais il est également accéléré par le changement climatique. Il faut ajouter l’acidification des océans (+26 % par rapport à la période préindustrielle) puisque les océans absorbent le quart de nos émissions en CO2.
Les scientifiques ajoutent encore d’autres transformations majeures témoignant de notre entrée dans l’anthropocène. Il s’agit notamment des cycles biochimiques de l‘eau. La modification du cycle continental de l’eau est massive.
L’idée d’anthropocène annule la coupure entre nature et culture, entre histoire humaine et histoire de la vie et de la terre.
Annoncer l’avènement de l’Anthropocène permet à certains anthropocénologues de proclamer la mort de la Nature avec un grand N, celle qui était vue comme entièrement extérieure aux humains.
Au XVIIe sècle en Europe l’essor de la construction navale et du besoin en bois de construction a contribué à la destruction des forêts européennes.
La déforestation a accompagné l’homme presque partout où il s’est sédentarisé, l’agriculture restant encore aujourd’hui la principale cause de déforestation suivie de près par le besoin en bois de chauffage et en matériaux de construction.
Les feux de défrichement y ont beaucoup contribué. C’est surtout le travail des bûcherons et scieurs, qui a fait reculer la forêt médiévale pour alimenter les forges, les cheminées, les fours, les charbonniers et la construction.
La marine a employé des bateaux qui étaient en bois jusque dans les années 1855-1870. On désigne sous le nom de bois de construction ou de bois de marine, les arbres et les bois que leur configuration et leurs qualités rendent propres à la construction des navires de même que les mâts et les vergues.
En Amérique du Nord les défrichements effectués par les colons français se concentrent sur les rives du Saint Laurent.
Ces défrichements prennent petit à petit une extension que les horticultures traditionnelles ne connaissent pas.
Au Brésil l’extension de l’économie esclavagiste dans le cadre de la production de la canne à sucre été un important facteur de dégradation de l’environnement.
La traite négrière vers le Brésil prit de l’ampleur à partir des années 1620. Durant la première moitié de la décennie sont transportés d’Angola au Pernambouc 15 430 esclaves noirs. Le nombre de sucreries triple en un demi-siècle pour atteindre 436 (dont 150 à Pernambouc 80 à Bahia et 60 à Rio) en 1629. En janvier 1630, une flotte de 67 navires hollandais cingle vers la colonie de Pernambouc et s’en empare, puis mène six ans de guerre pour capturer d’autres colonie sucrières brésiliennes. Mais le Portugal mène une guerre de reconquête et reprend de force le Pernambouc 24 ans plus tard, en 1654. À la fin du XVIIe s. siècle, 200 des 400 sucreries portugaises du Brésil sont à Pernambouc, soit un tiers de plus qu’avant l’intermède hollandais.
Le XVIIe siècle voit la continuation des génocides des populations autochtones. Dans ce processus les Néerlandais, essentiellement commerçants, n’ont été partie prenante que dans des régions où ils ont été à l’origine de véritables peuplements, Amérique du Nord et Afrique du Sud.
Amérique du Nord
Après les conquistadores (XVIe siècle) le XVIIe siècle voit la continuations des anéantissements qui concerne essentiellement des zones de colonisation néerlandaises, anglaises et françaises. Les épidémies introduites par les européens fragilisent les populations autochtones.
En Amérique du Nord Français et Néerlandais contribuent à décimer les Amérindiens en exacerbant les tensions entre populations dans le contexte du commerce des fourrures.
À la fin des années 1640, grâce aux armes à feu qu’ils se sont procurées, les Iroquois lancent des raids meurtriers contre les Hurons, leurs rivaux dans le commerce des fourrures avec les Européens, et font de nombreux captifs et esclaves. En mars 1649, le massacre cruel et impitoyable des habitants de Taenhatentaron, village où s’est établie la mission jésuite Saint-Ignace, précipite la dispersion des Hurons et la fin de leur confédération. Tout en recommandant un emploi extrêmement prudent et parcimonieux du mot « génocide », l’ethno-historien James Axtell note que la destruction des Hurons ressemble au précédent massacre des Pequots dans la méthode et le résultat : c’est une tentative d’annihilation d’une tribu, mais cette fois-ci opérée par d’autres Amérindiens.
Les guerres franco-iroquoises sont une série de guerres entre la Nouvelle France et l’Iroquoisie. Elles ont connu un paroxysme à la fin des années 1680 mais ont débuté bien avant. Les Iroquois sont historiquement proches de leurs partenaires commerciaux de la Nouvelle Néerlande, néerlandaise jusqu’en 1666, puis anglaise. Ces derniers entraient en guerre contre la France à partir de 1689.
Les guerres franco-iroquoises ont eu des motifs principalement commerciaux, les Iroquois se battant contre les Hurons et les implantations françaises de la vallée du Saint Laurent afin de contrôler le commerce des fourrures en provenance de la Nouvelle France et des colonies hollandaises, qui deviennent anglaises après leur cession.
Ces guerres sont appelées « Guerres du Castor » (« Beaver Wars ») par les historiens anglophones modernes.
Les Anglais, nouveaux venus sur la côte est des actuels États Unis, contribuent au massacre des populations autochtones.
Dès le début de la conquête britannique, les nouveaux venus sur le continent, qui entretiennent par ailleurs des relations commerciales nécessaires avec les tribus rencontrées, se déterminent à punir collectivement des Indiens, voire à les massacrer, si un seul ou une poignée d’entre eux a menacé la survie ou même seulement l’expansion de la colonie, ou bien si le groupe a refusé de payer tribut et s’est rebellé. Les Powhatans de Virginie et leurs alliés subissent les foudres des colons dès 1622.
La guerre des Pequots en Nouvel-Angleterre, est un des événements les plus remarquables de cette période. Frappés par des maladies venues d’Europe, les Pequots ne sont plus que quelques milliers en 1636 lorsqu’éclate la guerre, à la suite d’une mésentente sur le moyen de punir ou de réparer financièrement les meurtres de colons. Une escalade dans la violence et la xénophobie atteint un sommet le 26 mai 1637 : l’anéantissement du grand village pequot de Missituck par le feu et les armes, planifié par un capitaine anglais et permis par son alliance avec des Amérindiens ennemis des Pequots, n’épargne ni les femmes ni les enfants. Il s’apparente à un acte génocidaire, qui n’est pas isolé puisque les autorités coloniales décident même d’en finir avec la nation pequot, qu’elles fantasment alors comme une entité malfaisante si ce n’est diabolique, en s’assurant, par des primes offertes aux autres tribus contre des scalps, par des réductions en esclavage, que les Pequots survivants dilués dans d’autres peuples ne pourront plus se regrouper.
Brésil
Certains ont fait valoir qu’un génocide s’est produit lors de la colonisation portugaise des Amériques, à partir de 1549, sous l’impulsion de Pedro Alvares Cabral sur la côte de ce qui est aujourd’hui le Brésil. L’implantation néerlandaise, plus tardive, n’est pas partie prenante de ces actions.
Pedro Álvares Cabral, né à Belmonte en 1467 ou 1468 et mort à Santarém vers 1520 ou 1526, est un navigateur portugais, commandant de flotte, chargé par le roi du Portugal Manuel Ier d’aller aux Indes orientales et de poursuivre l’œuvre de Vasco de Gama.
Afrique du Sud
Au cours de nombreuses guerres les descendants des premiers colons néerlandais ont contribué à décimer les populations noires autochtones.
La guerre des Boers désigne deux conflits intervenus en Afrique du Sud à la fin du XIXe siècle entre les Britanniques et les habitants des deux républiques boers indépendantes soit la première guerre (1880-188) et la seconde guerres des Boers (1899-1902).
À la fin du deuxième conflit, avec les deux républiques boers, l’État libre d’Orange et la République sud-africaine du Transvaal, perdent leur indépendance et sont intégrées à l’Empire britannique jusqu’à la création en 1910 de l’Union d’Afrique du Sud .
Les Boers étaient les descendants des premiers colons d’origine néerlandaise, allemande et française arrivés en Afrique du Sud aux XVIIe et XVIIIe s. siècles. Le terme de Boer (fermier en néerlandais), qui désignait principalement les habitants des républiques boers, laissera, au XXe siècle, la place à celui d’Afrikans pour désigner l’ensemble de cette communauté blanche.
Guerre des Boers peut également se référer aux nombreuses guerres au cours desquelles les Boers ont combattu dans la première moitié du XIXe siècle des tribus bantoues, dont les Khoisan et les Zoulous, et contribué à décimer ces populations autochtones.
Russie
Au XVIIe siècle des épidémies déciment les populations arctiques
Dans les années 1650, l’épidémie s’est déplacée à l’est de l’Ieniseï, où elle a emporté jusqu’à 80 % des peuples toungouse et iakoute. Dans les années 1690, les épidémies de variole réduisirent les Ioukagirs dans des proportions qui atteignent autour de 44 pour cent. La maladie s’est rapidement transmise d’un groupe à l’autre à travers la Sibérie.
Ces quelques notes montrent comment mobiliser des représentations d’objets pour accéder à une histoire renouvelée. Dans cette vision, les limites entre les diverses disciplines académiques se brouillent au profit d’une meilleure intellibibilité de l’histoire.
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