Quels types de langages ?
La première question posée par la recherche concerne l’individualisation d’un langage adéquat, propre à rendre compte de la démarche scientifique et se démarquant de la littérature. Cette question touche à la fois la place du « roman » (roman historique, reconstitutions graphiques, films historiques, etc,) par rapport aux travaux scientifiques et celle de la diffusion et de la vulgarisation auprès du public.
Nous avons choisi d’aborder cette question en collaboration avec André Houot à travers le roman en bande dessinée (Houot, Gallay 1992, Gallay 1995, 2002) et la restitution graphique de « scènes de vies » (Gallay éd. 2006). Nous pouvons distinguer dans notre pratique, qui se situe dans l’opposition entre les deux cultures science (le « modèle ») et littérature (le « récit »), plusieurs types de discours.
Nous avons choisi d’aborder cette question en collaboration avec André Houot à travers le roman en bande dessinée (Houot, Gallay 1992, Gallay 1995, 2002) et la restitution graphique de « scènes de vies » (Gallay éd. 2006).
Nous pouvons distinguer dans notre pratique, qui se situe dans l’opposition entre les deux cultures science (le « modèle ») et littérature (le « récit »), plusieurs types de discours.
Le « modèle » touche aux questions proprement scientifiques des constructions et ne concerne que ces dernières. Nous trouvons à ce niveau :
1. Les représentations ou schématisations logicistes elles-mêmes, rédigées en langage scientifique (6)
2. Des paraphrases rédigées en langage scientifique et/ou naturel permettant une meilleure compréhension des enchaînements logiques de l’interprétation. Nous lui réservons ici la dénomination de commentaires (Gardin 1998, 2002, 466-467) (7).
Un autre aspect du discours est lié à la question essentielle de la décidabilité : que se passe-t-il au-delà des propositions terminales (Pn) d’une schématisation ? Viennent là se placer, le plus souvent, des propositions interprétatives supplémentaires qu’on ne réussit pas à raccorder à la base de données explicites de la construction (Gardin 2001, 467). Ce troisième domaine concerne donc les prolongement plausibles des constructions en langage naturel, au delà du noyau dur des constructions dans des domaines considérés par la communauté savante des archéologues comme « scientifiques » (8).
Le « récit » regroupe tous les aspects littéraires, clairement distincts de la démarche scientifique et assumés comme tels (Gallay 1995, 2002-1). On peut découvrir à ce niveau, dans les nombreuses fictions historiques produites, souvent par les archéologues eux-mêmes (Pelot et al. 1990, Goudineau, Govin 2000, Guilaine 2006) deux composantes essentielles :
1. Les questions proprement scientifiques soulevées par les œuvres et susceptibles d’une évaluation de cette ordre. Ce domaine rejoint les commentaires des schématisations et les prolongements plausibles de ces dernières (4).
2. L’imaginaire fictionnel qui donne à l’œuvre sa cohérence, sa dynamique et son aspect dramatique, romantique ou autre, et qui ressort du langage naturel (5).
Toutes ces approche sont légitimes à partir du moment où, afin d’éviter une confusion des genres, on annonce clairement le domaine retenu et les limites des exercices proposés.
Deux expositions :
Exposition consacrée à la bande dessinée du Soleil des morts.
Musée cantonal d’archéologie (Sion), 22 septembre 1995-7 janvier 1996
Exposition construite autour de reconstitutions de scènes de la vie préhistorique signées André Houot et illustrant le livre collectif Des Alpes au Léman : images de la préhistoire, réalisé sous la direction d’Alain Gallay avec la collaboration de Jérôme Bullinger, Pierre Corboud, Pierre Crotti, Philippe Curdy, Mireille David-Ellbiali, Gilbert Kaenel, Christiane Kramar, Gervaise Pignat, Anne-Marie Rachoud-Schneider et Jacqueline Studer. Editions Infolio 2006, 2ème édition revue et corrigée 2008.
Musée cantonal d’archéologie (Sion), 21 mai-17 septembre 2006 et 1er février-31 décembre 2007.
Musée cantonal d’archéologie et d’histoire (Lausanne), 23 septembre 2006-15 janvier 2007.
Musée d’art et d’histoire (Genève), 14 mars-2 novembre 2008.
Musée-Château d’Annecy (Annecy), 22 janvier-28 avril 2009.
Une version pédagogique utilisant certaines reconstitutions d’André Houot est accessible sur :
http://anthro.unige.ch/lap/alpes-leman/menu-a.html
Références bibliographiques :
GALLAY, (A.). 1995. Archéologie et histoire : la tentation littéraire. In : GALLAY (A.), ed. Dans les Alpes, à l’aube du métal : archéologie et bande dessinée. Cat. d’exposition « Le soleil des morts : archéologie et bande dessinée » (Sion, sept. 1995-janv. 1996). Sion : Musées cantonaux du Valais, 9-22.
GALLAY, (A.). 2002. Archéologie et bande dessinée : mérites et limites d’une utopie. In : JUD (P.), KAENAL (G.), ed. Lebensbilder – Scènes de vie. Colloque (13-14 mars 2001 ; Zoug). Lausanne : Groupe de trav. pour les rech. préhist. en Suisse. (Docums du GPS ; 2), 107-113.
GALLAY (A.), ed. 2006. Des Alpes au Léman : images de la préhistoire. Gollion : Ed. Infolio.
GARDIN, (J.-C.). 1998. Prospections archéologiques en Bactriane orientale (1974-1978), vol 3. Description des sites et notes de synthèse. Paris : Editions recherché sur les civilisations.
GARDIN, (J.-C.). 2001. Modèles et récits. In : BERTHELOT (J.-M.), ed., Epistémologie des sciences sociales. Paris : PUF, 407-454.
GOUDINEAU, (C.), GOVIN, (J.-C.) ill. 2000. Le voyage de Marcus : les tribulations d’un jeune garçon en Gaule romaine. Arles : Actes Sud / Errance.
GUILAINE, (J.). La maison carrée…… (compléter)
HOUOT (A.) & GALLAY (A.), collab. 1992, 1ère éd. Le soleil des morts. Bruxelles : Eds du Lombard. (Chroniques de la nuit des temps).
PELOT, (P.), LIBERATORE, (T.), COPPENS, (Y.). 1990. Le rêve de Lucy. Paris : Le Seuil (La dérivée).
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