Les exigences de la transparence
Jean Claude nous a quitté le 8 avril 2013.
Pour lui, ce dernier hommage.
Deux occasions sans relations entre elles nous ont amené à faire connaissance avec Jean-Claude-Gardin. Nous l’avons vu et écouté pour la première fois à Paris dans le cadre du séminaire de Lévi-Strauss.
Il y présentait un code de l’ornementation géométrique. Nous avons immédiatement été frappé par l’acuité et l’intelligence de la présentation. Plus tard, Marie Thérèse Coullery, alors conservatrice du Musée Baur à Genève, a fait venir Gardin pour une conférence sur les systèmes documentaires utilisés dans les bibliothèques. Nous avons alors réellement fait connaissance, prélude d’une grande amitié.
En 1976-77, puis en 1977-78, nous l’avons invité à donner une série de cours à l’Université de Genève, d’abord sur la théorie archéologique, ensuite sur les stratégies de recherches. La première série d’exposés sera à l’origine de son livre Une archéologie théorique (1979).
Dès 1983, ayant rassemblé les notes prises par différents auditeurs et les enregistrements des exposés, nous reprendrons l’ensemble des thèmes développés lors de ces deux années pour construire un cours d’archéologie théorique, rassemblant les enseignements des deux années. Nous donnerons ce cours à Genève dans le cadre du Diplôme d’archéologie préhistorique, puis du diplôme romand d’archéologie jusqu’à notre retraite, sans cesser d’avoir de nombreux contacts avec notre collègue.
Une collaboration plus soutenue reprendra dès mars 2003 dans le cadre du projet Arkeotek, développé par Valentine Roux au laboratoire Préhistoire et technologie de Paris X-Nanterre, projet qui aborde aujourd’hui dans le perspective logiciste, et en collaboration avec la Maison des sciences de l’homme, la question des nouvelles formes de publication (http://www.thearkeotekjournal.org), ainsi que, dès 2005, dans le cadre d’un groupe de réflexion sur le cumulativité dans les sciences humaines, initié par Jean-Michel Berthelot, aujourd’hui malheureusement décédé.
Thèmes
La démarche logiciste répond au besoin de transparence de nos démonstrations et fournit des réponses aux problèmes posés par l’inflation des publications, tant en nombre qu’en volume. Inspirée du positivisme logique, elle fournit un certain nombre de réponses aux questions que posent les enseignements de Leroi-Gourhan et Lévi-Strauss.
Réponses
Le cours sur les stratégies de recherches fournit une réponse adéquate aux impasses qui ont marqué l’utopique recherche de l’exhaustivité des observations. Les fouilles que nous avons menées au Sénégal en 1980-81 ont tenté d’illustrer ce changement de perspective dans le conduite de la fouille.
L’idée que le scientifique construit un discours qui lui est propre pour comprendre le monde et que ce discours doit être indépendant du discours de l’acteur puisqu’il répond à d’autres objectifs fournit peut être un réponse sur la nature des structures dont parle Lévi Strauss. Ces structures sont de l’ordre du discours scientifique de l’observateur et non de l’inconscient de l’acteur, par définition inatteignable.
Quelques articles pour entrer dans le jeu du logicisme
– GALLAY (A.) & SAUVAIN-DUGERDIL (C.), collab. 1981. Le Sarnyéré Dogon : archéologie d’un isolat, Mali. Paris : Ed. ADPF. (Rech. sur les grandes civilisations : mém. ; 4).
– GALLAY (A.), PIGNAT (G.), CURDY (P.). 1982. Mbolop Tobé (Santhiou Kohel, Sénégal) : contribution à la connaissance du mégalithisme sénégambien. Archs suisses d’anthrop. générale (Genève), 46, 2, 217-259.
– GALLAY (A.). 1998. Mathematics and logicism in archaelogy : a historical approach. In : TABACZYNSKI (S.), ed. Theory and practice of archaeological research, 3 : dialogue with the data : the archaeology of complex societies and its context in the ’90s. Warszawa : Inst. of Archaeology and Ethnol., Committee of pre- and protohistoric sci., Polish Acad. of Sci, 115-137.
– GALLAY (A.). 2007. 25 ans de logicisme en archéologie : quel bilan ? (pdf disponible auprès de l’auteur)
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