Les civilisations mégalithiques et l’enquête archéologique
Passionné de préhistoire, Olivier-Jean Bocksberger (1925-1970) est professeur de grec ancien au collège d’ Aigle et prépare une thèse sur l’âge du Bronze dans la haute vallée du Rhône.
En juillet 1961, des ouvriers mettent au jour deux coffres funéraires en posant une conduite d’eau le long du chemin du Petit-Chasseur à Sion. Marc-Rodolphe Sauter , qui fouille alors à Rarogne, en Haut-Valais, confie à Bocksberger une première évaluation de la découverte.
Ce dernier démontrera rapidement qu’il s’agit de tombes néolithiques recelant des céramiques campaniformes. C’est la première fois que cette culture est identifiée en Valais. Avec des moyens dérisoires, il conduira la fouille de cette nécropole jusqu’en 1969. A cette occasion il introduit sur son chantier, et à notre connaissance pour la première fois en Europe, l’usage de l’aspirateur industriel qui va bouleverser les méthodes de fouilles en permettant une meilleure lecture des surfaces dégagées et nettoyées.
Il élabore à cette occasion un protocole d’analyse particulièrement méticuleux qui lui permettra de proposer une première interprétation de l’histoire très complexe de la nécropole. Nous sommes à l’époque où André Leroi Gourhan fouille (1960) et publie (1962) en France l’hypogée des Mournouards , travail révolutionnaire qui inaugure les recherches taphonomiques modernes. Bocksberger, qui parvient aux mêmes conclusions que le maître de la préhistoire française sur les procédures d’étude des sépultures collectives, ne semble pourtant pas avoir eu connaissance de ces travaux.
En 1970, il disparaît prématurément en Valais dans un accident de voiture en contrebas du village de Saint-Luc. Il effectuait une prospection dans le val d’Anniviers où il recherchait les traces d’anciennes mines de cuivre.
Nous imposons alors au Professeur Marc-Rodolphe Sauter la poursuite des fouilles de la nécropole, qu’on proposait d’abandonner, et reprenons la direction du chantier dès 1971, en collaboration avec Sébastien Favre qui avait secondé Bocksberger dans la première partie des travaux.
Thèmes
Il est toujours dangereux d’hériter de découvertes prestigieuses car elles peuvent, en elles-mêmes, fonder la renommée d’un chercheur, indépendamment des qualités scientifiques de ce dernier. Nous avons donc tenté de « mériter » le caractère exceptionnel du chantier en assumant le plus complètement possible cet héritage.
La nécropole constituait en effet un terrain parfait pour mettre en œuvre les principes de fouilles que nous avions appris auprès de Leroi-Gourhan et de développer une approche taphonomiques des sépultures collectives découvertes.
Réponses
La nécropole permettait également de développer une approche ethnographique de la question mégalithique et d’aborder les problèmes d’interprétation de « haut rang », sociaux et politiques. Nous pouvions donc tenter d’explorer ici les questions soulevées par l’enseignement de Leroi-Gourhan sur les rapports entre préhistoire et ethnologie.
Pour s’y retrouver dans les publications consacrées au Petit-Chasseur
– GALLAY (A.). 2004. A propos du statut épistémologique des travaux publiés sur la nécropole du Petit-Chasseur à Sion (Valais, Suisse). In : BESSE (M.), DESIDERI (J.), ed. Graves and funerary rituals during the Late Neolithic and the Early Bronze Age in Europe (2700-2000 B.C.). Int. conference (Oct. 4-7th 2001 ; Sion, Switzerland, Cantonal archaeol. Mus.). Oxford : Archaeopress. (BAR : Int. ser. ; S1284), 79-97.
– GALLAY (A.). 2006. Les sociétés mégalithiques : pouvoir des hommes, mémoire des morts. Lausanne : Presses polytechniques et univ. romandes. (Le savoir suisse : histoire ; 37).
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